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police, où la volonté et l’énergie des gouvernans auraient aisément gain de cause. Les efforts faits à Vienne pourraient ici servir d’exemple. Quant à l’alcoolisme, tous les congrès de savans et de sociologues demandent des mesures propres à diminuer le plus possible et le chiffre de la consommation et la toxicité du produit. Il importe de restreindre les occasions et tentations de boire. A cet effet, il y a lieu, comme en Suède et dans beaucoup des États de l’Amérique du Nord, d’assurer la surveillance rigoureuse des débits déjà existans, de limiter leur nombre, de rendre moins facile la création de débits nouveaux et de soumettre les anciens à une législation très sévère[1]. « Si l’Etat, a dit lord Rosebery, n’impose pas de lois au trafic des boissons, c’est ce trafic qui bientôt en imposera à l’Etat. » Au point de vue de la qualité des alcools, leur rectification doit être assurée par le contrôle de l’Etat même. Enfin il y a lieu, comme le demandent tous les hygiénistes, moralistes et criminologistes, de vulgariser la connaissance des dangers qui résultent, pour la santé physique et morale, des abus de l’alcool et du caractère toxique des produits obtenus dans les liqueurs de consommation. On peut y arriver par des cours, par des conférences expérimentales, par l’action morale sous toutes ses formes et dès la période scolaire.

A la criminalité professionnelle, il faut opposer une expansion plus grande et plus intelligente de la bienfaisance, notamment la création de nombreuses sociétés de patronage et d’assistance pour les jeunes gens et même les adultes. La mauvaise éducation familiale étant la source première de la criminalité infantile et juvénile, il faut réagir contre la diminution des mariages et des naissances légitimes ; pour cela, entre autres moyens, il faut simplifier autant qu’il est possible les formalités du mariage et mieux défendre la jeune fille contre la séduction. Pour restaurer la famille, protégeons la mère matériellement et moralement. Tout ce qui sert à relever la femme, sert à relever les enfans.

Quant aux criminels par passion, outre une éducation meilleure et l’infatigable répression de la presse provocatrice, rien

  1. Le nombre des débits de boissons est de près de 500 000, les 30 000 de Paris non compris. En 1830, il y avait un débit pour 113 habitans ; il y a aujourd’hui un débit pour 90 habitans. Dans la basse Normandie, il y a un débit pour 25 habitans.