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désormais qualifiées d’États, devaient rester intacts, sauf en ce qui concerne les matières qu’il serait nécessaire de remettre entre les mains du gouvernement fédéral ; le libre-échange absolu était établi entre les États ; le pouvoir fédéral pouvait établir des droits de douane sur les produits étrangers et d’accise ; les questions militaires et navales lui étaient également dévolues. Le pouvoir législatif était exercé par un sénat, où toutes les colonies étaient également représentées par huit membres, et par une Chambre des députés, dont les sièges étaient répartis proportionnellement à la population. Le pouvoir exécutif était confié à un gouverneur général nommé par la reine, qui choisissait un ministère responsable devant le Parlement. Enfin une cour suprême fédérale d’appel était organisée. Cette constitution, tout en laissant une plus large part d’autonomie à chaque colonie, était assez semblable à celle du Canada, sauf en ce qui concerne l’élection des sénateurs qui était confiée aux États et les plaçait, grands et petits, sur un pied d’égalité, au lieu d’être laissée au pouvoir exécutif chargé au Canada de les nommer à vie. On reconnaît encore dans cette différence le souci de ne pas sacrifier les droits des colonies à ceux du pouvoir central. La constitution devait entrer en vigueur lorsqu’elle aurait été ratifiée par les parlemens locaux, mais aussitôt la Convention séparée, les rivalités intercoloniales reprirent le dessus. L’attention publique fut en outre distraite par les commencemens de la crise économique, qui allait atteindre si gravement tous les intérêts de l’Australie ; nulle part les Chambres ne furent appelées à discuter le projet de fédération dont le promoteur, sir Henry Parkes, tomba du pouvoir dès le mois d’octobre 1891, à la suite des élections générales de la Nouvelle-Galles. Ce grand effort n’avait abouti à rien.

Lorsque l’Australie, la Nouvelle-Galles la première, commencèrent à sortir des embarras où elles avaient été plongées pendant plusieurs années, la question de fédération revint à l’ordre du jour. Le bouillant premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, M. Reid, qui avait remplacé sir Henry Parkes à la tête du parti libre-échangiste, revenu au pouvoir en août 1894, était à peine en fonctions depuis quelques mois qu’il adressait une lettre circulaire à ses collègues des autres colonies pour les convoquer à une réunion qui fut tenue à Hobart, en Tasmanie, au commencement de 1895. La Nouvelle-Zélande se tint à l’écart, mais les six autres colonies répondirent à l’appel. Pensant que la