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familier que si nous étions tous citoyens des provinces d’un même royaume, ou des États d’une véritable fédération impériale. Je crois qu’une connaissance plus approfondie doit tendre à compléter notre entente et qu’elle fera entrer dans le domaine de la politique pratique ce magnifique rêve qui a enchanté tous les plus grands et les plus patriotes de nos hommes d’État, aussi bien dans la métropole qu’aux colonies, ce rêve de nous voir réaliser une union au sein de laquelle des États libres, jouissant chacun de leurs institutions indépendantes, seront cependant inséparablement unis pour la défense d’intérêts communs et l’accomplissement d’obligations réciproques, et seront attachés les uns aux autres par les liens de l’affection, du sang et de la religion. » Pour atteindre ce but, la première étape, selon l’ardent ministre des Colonies, c’est de réaliser l’union commerciale de l’empire ; lorsqu’une fois cette union sera faite, il existera naturellement un conseil commun pour en surveiller le fonctionnement ; ce conseil devra examiner toutes les questions relatives aux voies de communication et aux lois commerciales intéressant l’empire entier ; il aura même, — nous continuons à résumer le discours de M. Chamberlain, — à s’occuper de tout ce qui regarde la défense de l’empire, car cette défense n’est autre chose que la protection du commerce impérial.

« Graduellement, poursuivait le ministre, nous arriverions, ainsi par cette méthode prudente et expérimentale avec laquelle ont été construites peu à peu nos plus grandes institutions, nous arriverions, je crois, à un résultat qui différerait peu, s’il en différait aucunement, d’une fédération complète de l’empire…. L’établissement d’une union commerciale à travers l’empire entier ne serait pas seulement le premier pas, mais un grand pas, le pas décisif, vers la réalisation de la plus haute idée qui soit jamais entrée dans l’esprit des hommes d’Etat britanniques. » Mais le premier pas, comment s’y prendra-t-on pour le faire ? Nous nous trouvons en présence, disait en substance M. Chamberlain, de trois projets : le premier consiste dans l’adoption pure et simple par les colonies du libre-échange britannique ; le second dans l’établissement à l’entrée des colonies de droits différentiels favorisant légèrement les produits de la métropole aux dépens des produits étrangers, et dans l’institution parallèle de droits du même genre dans la métropole. Ces deux propositions doivent être repoussées, continuait l’orateur : la première ne serait jamais