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cependant la majorité ; aussi sont-elles venues plus tard à une vie autonome : le Cap en 1872 et Natal en 1893 seulement ; encore les affaires indigènes sont-elles dans ce dernier pays en partie soustraites au parlement local et réservées au gouverneur comme elles l’ont été longtemps en Nouvelle-Zélande. L’Angleterre n’a pas voulu que la population noire fût victime des préjugés d’une minorité de blancs dix fois moins nombreuse ; de même que par un autre acte de sagesse, en sens inverse, elle n’a pas concédé aux noirs des Antilles, frottés seulement d’un léger vernis de civilisation, le self-government dont ils ne se seraient servis, — l’exemple des Antilles françaises le prouve, — que pour opprimer les blancs et entraver les progrès des îles.

En disant qu’il n’existe pour toutes ces diverses parties de l’Empire britannique aucun organe de gouvernement commun, nous n’avons garde d’oublier que l’autorité du parlement de Westminster, du « Parlement Impérial », pour employer une expression devenue presque officielle, s’étend à elles toutes. Il plane au-dessus des gouvernemens locaux ; ceux-ci n’existent qu’en vertu de lois votées par lui, et la constitution d’aucune des dépendances ne peut être modifiée sans son assentiment, qui n’est jamais refusé, il est vrai, aux colonies autonomes, lorsque les Chambres locales se sont prononcées. D’ailleurs, même dans les colonies à gouvernement parlementaire, les gouverneurs ont, théoriquement du moins, comme la reine en Angleterre, le droit de refuser leur signature à un bill voté par les Chambres, qui ne peut alors devenir une loi. Ils n’en usent jamais pour les affaires purement intérieures, mais il leur arrive parfois de réserver leur assentiment et d’en référer à la reine, c’est-à-dire, en fait, à ses ministres, lorsqu’il s’agit de questions pouvant intéresser l’ensemble de l’empire, ou même des nations étrangères. On le voit, cependant, le lien qui réunit les colonies à la mère-patrie est fort lâche. La faiblesse en est particulièrement sensible sur le terrain des relations commerciales : chacune des possessions britanniques, colonie de la Couronne ou colonie autonome, est maîtresse de ses droits de douane, et, de tous côtés des tarifs, en général très élevés, hérissent de barrières presque infranchissables le territoire de l’empire. Les produits des autres dépendances de l’Angleterre et de la métropole elle-même ne sont pas mieux traités à l’entrée d’une colonie que les importations de l’étranger. D’autre part, le Royaume-Uni ne favorise aucunement les