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recourbés à angle droit, laissant entre elles un conduit long et étroit qu’on contourne en spirales. La vapeur échappée de la colonne est donc forcée d’accomplir un long circuit avant d’atteindre un tube qui la conduit au serpentin condenseur final.

La marche des liquides, dans cet appareil, est facile à saisir ; après un court séjour autour du serpentin condenseur où ils commencent à s’échauffer, les liquides fermentes, les moûts, sont conduits au sommet de la colonne autour du rectificateur, où leur température encore peu élevée détermine la condensation d’une partie de la vapeur d’eau qui, mélangée à la vapeur d’alcool, s’élève de la colonne.

Du rectificateur, les moûts descendent de plateaux en plateaux ; sur chacun d’eux, ils sont agités par la vapeur qui monte de la chaudière, ils s’échauffent de plus en plus, perdent l’alcool qu’ils renferment et arrivent presque épuisés à la chaudière, où les dernières traces d’alcool sont volatilisées ; dès lors les moûts prennent le nom de vinasse et servent, ainsi qu’il a été dit plus haut, à l’épuisement des cossettes.

Il s’établit donc dans cet appareil un double mouvement, les liquides descendans rencontrent à chacune de leurs étapes le courant de vapeur qui s’échappe de la chaudière. A mesure que cette vapeur s’élève, elle change de composition ; à chaque plateau, de la vapeur d’eau se condense, et provoque, par la chaleur dégagée par sa condensation même, la volatilisation de l’alcool ; cette vapeur de plus en plus riche en alcool subit une dernière purification dans la longue spirale du rectificateur, puis, conduite au serpentin, elle s’y condense complètement.

Le serpentin débite des flegmes renfermant à peu près la moitié de leur poids d’alcool.

La production des flegmes appartient essentiellement aux distilleries agricoles ; en Allemagne, elles ne les rectifient jamais, le travail est exécuté dans les raffineries d’alcool ; en France, la séparation est moins absolue, et on compte un assez grand nombre de distilleries agricoles qui rectifient leurs flegmes.

A bien prendre, l’alcool n’est pas le produit le plus important que fournissent les distilleries agricoles ; lorsque le prix de vente est suffisant pour couvrir les frais de la culture de la betterave et les dépenses de fabrication, l’opération est fructueuse, quand bien même la vente de l’alcool ne laisserait aucun bénéfice ; celui-ci apparaît dans l’emploi des résidus des cuves de macération, dans l’emploi des pulpes, qui constituent un excellent aliment pour le bétail.

Ces pulpes renferment toutes les matières azotées qui