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à donner de l’accumulation du sucre de canne dans la racine de la betterave où il reste en dissolution, avant la publication récente d’un travail remarquable dû à M. Maquenne, assistant de physiologie végétale au Muséum d’histoire naturelle[1].

M. Maquenne s’appuie sur les phénomènes d’osmose découverts autrefois par Dutrochet et repris dans ces dernières années par M. Pfeiffer et M. de Vries.

Deux liquides séparés par une paroi inerte et poreuse sont en équilibre lorsque sous le même volume ils renferment le même poids de la même matière en dissolution. C’est l’égalité du poids de la matière dissoute qui détermine l’arrêt de passage au travers de la paroi. Il n’en est plus de même quand les liquides sont séparés par la paroi d’une cellule vivante, c’est alors l’osmose qui entre en jeu, et deux liquides séparés par une membrane de cette espèce sont en équilibre quand ils renferment le même nombre de molécules dissoutes, quel que soit le poids de ces molécules. Les vaisseaux qui descendent de la feuille à la racine y amènent des glycoses ; en pénétrant dans la racine ils deviennent saccharose ; deux de leurs molécules s’unissent avec élimination d’eau pour n’en former qu’une seule de saccharose ; par suite, le poids de matière dissoute dans le liquide de la racine doit être double de celui qui gorge les feuilles. Cette manière de voir a été soumise à de nombreuses vérifications expérimentales qui l’ont absolument justifiée ; et il est probable que l’étude approfondie de l’osmose conduira à interpréter sainement des phénomènes physiologiques restés jusqu’à présent fort obscurs.


III. — BETTERAVES FOURRAGÈRES. VARIÉTÉS EMPLOYÉES. MODE DE CULTURE. LUTTE ENTRE LA POMME DE TERRE ET LA BETTERAVE

De toutes les plantes de grande culture, la betterave est celle qui présente les variétés les plus dissemblables, et comme les racines sont destinées, soit à l’alimentation du bétail, soit à l’extraction du sucre ou à celle de l’alcool, on conçoit qu’on sème des graines appartenant à Tune ou l’autre de ces variétés suivant l’usage auquel elle est destinée.

Il semble que lorsque la betterave servira seulement à l’alimentation du bétail, le choix devra se porter sur la variété qui fournira les plus hauts rendemens à l’hectare, et que le mode de culture à suivre sera celui qui assurera ces rendemens les plus élevés.

  1. Annales agronomiques, t. XXII, p. 5, 25 janvier 1896.