Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 138.djvu/658

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mixtes, comprenant à l’automne : fumier, engrais vert, tourteaux et superphosphates ; au printemps : nitrate ou sel ammoniacal.


II. — DÉVELOPPEMENT DE LA BETTERAVE. — ACCUMULATION DU SUCRE DANS LA RACINE

Sur la terre bien égalisée par les herses, on a procédé aux semailles ; on les fait suivre d’un roulage, et il importe de bien saisir l’utilité de ce travail. L’humidité est la condition même de la germination de la graine, et il faut toujours prévoir que, la pluie faisant défaut, la levée n’aura lieu qu’autant que les réserves d’humidité du sous-sol remonteront jusqu’aux couches superficielles dans lesquelles ont été déposées les graines.

Pour que cette ascension de l’eau se produise, il faut mettre en jeu la force capillaire, dont tout le monde connaît les effets, puisque c’est elle qui fait monter l’huile ou le pétrole dans la mèche d’une lampe.

Cette attraction de certains corps solides pour l’eau ne s’exerce qu’à très courte distance ; on l’observe aisément dans des tubes de verre, aussi fins que des cheveux, d’où le nom de capillarité donné à la force qui tend à élever les liquides non seulement dans les tubes fins, dans des tissus, mais aussi dans les espaces étroits que laissent entre elles les particules des corps pulvérulens.

Or, une terre bien ameublie est bien loin de former une masse continue : ses particules laissent au contraire entre elles des vides dont la somme représente du cinquième à la moitié du volume total. On se fait immédiatement une idée de l’étendue de ces espaces vides en prenant d’une part le poids d’un litre de terre qu’on tasse au maximum et de l’autre sa densité ; on trouvera qu’un litre de terre ne pèse guère au-delà de 1 200 à 1 300 grammes, tandis que la densité de cette même terre est de 2, 6 c’est-à-dire que, si les particules se touchaient, le litre pèserait 2 600 grammes.

Il y a donc entre les particules de terre de nombreux espaces vides. Pour que le mouvement ascensionnel de l’eau remontant des profondeurs aux couches superficielles dans lesquelles les graines sont déposées se produise, il faut que les espaces soient aussi restreints que possible, puisque, ainsi qu’il vient d’être dit, la force capillaire ne s’exerce qu’à très courte distance ; pour diminuer les vides de la terre, on l’écrase avec des rouleaux ; le travail est efficace ; j’ai trouvé qu’une terre bien ameublie, qui renfermait de 38 à 40 volumes d’air pour 100, après avoir été travaillée à la bêche, n’en contenait plus que de 31,6 à 33,3 après avoir été