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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 septembre.


Le principal événement du jour, le seul peut-être, est le voyage du tsar à travers l’Europe : que pourrions-nous en dire après l’étude si complète qui lui a été consacrée dans une autre partie de cette Revue ? L’empereur Nicolas débarquera sur les côtes de France le 5 octobre ; il arrivera à Paris le 6 ; de grands préparatifs sont faits pour le recevoir d’une manière digne de lui et de nous. Mais ce n’est là que le côté extérieur des choses. La visite que nous fait le puissant empereur n’est pas seulement un acte de courtoisie. Tel n’est pas le caractère qu’il a eu l’intention de lui assigner, puisqu’il avait été convenu, dès le début, qu’après les fêtes officielles de Vienne et de Breslau, et pendant que le tsar et sa jeune épouse iraient passer quelques jours ou quelques semaines dans l’intimité de la famille en Danemark et en Angleterre, le prince Lobanof viendrait à Paris vers le milieu de septembre, et y attendrait l’arrivée de son souverain. L’intervention d’un facteur brutal et imprévu a troublé ces arrangemens : le prince Lobanof, après avoir rempli la première partie de sa tâche, et accompagné son maître à Vienne où les heureux résultats de sa politique paraissent avoir été consacrés entre les deux empereurs, est mort subitement. On ignore encore par qui il sera remplacé, et ce n’est pas au cours de son voyage que le tsar peut prendre une décision, ni faire un choix aussi graves. M. Chichkine, qui porte le titre d’adjoint du ministre, remplit par intérim les fonctions si brusquement devenues vacantes. Bien qu’il soit très préparé à la charge qui lui incombe, il a dû en sentir le poids depuis quelques jours. La mort du prince Lobanof a rejeté sur ses épaules les plus lourdes responsabilités. Heureusement, le séjour du tsar en Danemark et en Angleterre lui ont donné quelque temps de répit. On annonce qu’il est sur le point d’arriver à Paris, où il précédera l’empereur de quatre ou cinq jours, ce qui, dans la mesure du possible, maintient au programme primitif la signification qu’on avait voulu lui donner : c’est évidemment un voyage tout politique que le tsar se propose de faire auprès de nous.

Peut-être n’en est-il pas tout à fait de même en Angleterre. La lon-