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1° Toute tentative d’écarter le symbole de l’usage ecclésiastique est un soufflet à l’Église du Christ.

2° Il est temps, et grand temps, que nos étudians en théologie soient efficacement protégés contre le trouble où des professeurs de théologie, par un enseignement subversif, jettent leurs consciences.

3° Que le Fils de Dieu est conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie, c’est le fondement du christianisme, c’en est la pierre angulaire, contre laquelle se brisera toute sagesse de ce monde.


Les signataires de ces trois articles étaient beaucoup plus réputés dans les sphères d’Église que dans les cercles savans. Point par point, quinze jours après, on eut la riposte universitaire : datée d’Eisenach, une ville sainte de la Réforme, elle était ainsi conçue :


Les nombreuses protestations ecclésiastiques, auxquelles ont donné lieu les propositions récemment émises par le professeur Harnack au sujet du symbole apostolique, contraignent les soussignés, amis et collaborateurs de la Christliche Welt, réunis à Eisenach, à l’explication suivante :


1° Nous ne pensons point à enlever à l’Église évangélique le symbole dit apostolique ; mais nous contestons que l’autorité de ce symbole dans l’Église et l’usage qui en est fait contraigne juridiquement ecclésiastiques ou laïques à en accepter en détail toutes les phrases. Est chrétien évangélique quiconque, en vivant et en mourant, met sa confiance exclusive en Jésus son Seigneur ; nous désirons que cet indubitable principe du christianisme évangélique soit publiquement reconnu comme tel, et qu’on cesse de se targuer, contrairement au sain esprit évangélique, de quelques opinions dogmatiques de détail.

2° Cette vraie foi évangélique elle-même implique le droit et le devoir de mettre en crédit, même dans l’Église et vis-à-vis des traditions du passé de l’Église, le travail scientifique, consciencieux et loyal.

3° Nous devons donc dénoncer un bouleversement perturbateur des consciences, lorsque par exemple dans l’une des protestations publiques on a soutenu que cet article : « conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie » est le fondement du christianisme, qu’il en est la pierre angulaire, où se brisera toute la sagesse de ce monde. Ni l’Écriture ni les symboles évangéliques n’ont attribué au récit contenu dans les premiers chapitres du premier et du troisième Évangile une importance si décisive pour la foi. Dans la prédication de Jésus et de ses apôtres concernant le salut, il n’y a aucune allusion à ce récit. On commet donc une déviation de la foi et une perturbation des consciences, quand, au nom de l’Écriture et du symbole, on énonce une affirmation qui ferait croire le contraire.


C’est sur les bases mêmes du christianisme qu’on discutait et qu’on disputait ; ce qui, pour les uns, était une pierre fondamentale de l’édifice, n’apparaissait aux autres que comme une partie postiche. Guillaume II sentit le péril ; pape en ses terres, comme tout bon monarque évangélique, et croyant entendre, peut-être, un appel posthume de Luther, qui si souvent recourut aux souverains de son temps, il trouva façon d’intervenir. Inaugurant à