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dépression considérable des fonds de la mer située sur la côte entre Grand et Petit-Bassam. Cette solution comporterait, croyons-nous, des difficultés d’exécution assez considérables.

Passant aux vœux de réalisation urgente, nous citerons tout d’abord un wharf, le wharf déjà célèbre, quoique encore simplement projeté, de Grand-Bassam. Lorsqu’un architecte construit une maison, sa première préoccupation est d’y ménager une porte. La Côte d’Ivoire ressemble en ce moment à une riche demeure où l’on pénétrerait par la fenêtre au risque, à chaque instant, de s’y rompre le cou. L’Etat, architecte de notre nouvelle habitation coloniale, nous doit une porte ; c’est le wharf en question : il nous la fait bien attendre. Et sa longue inertie est d’autant plus incompréhensible et regrettable que le précédent créé par le wharf de Kotonou a permis de se rendre compte du fonctionnement exact d’une pareille entreprise, en même temps que des services inappréciables qu’elle est appelée à rendre. Car c’est un fait aujourd’hui constant que l’appontement métallique de Kotonou dessert non plus seulement notre colonie du Dahomey, mais encore la colonie allemande de Togo et la possession anglaise de Lagos. Pareil phénomène se passerait à la Côte d’Ivoire. Le wharf de Grand-Bassam desservirait bien vite Assinie d’abord, puis Lahou, si l’on ne créait pas d’appontement spécial en ce dernier point. Un railway à voie étroite courant le long de la plage ne tarderait pas à mettre ces trois comptoirs en relations. Bref, ce serait le commencement de la vie active pour la colonie. Quand donc verra-t-on s’enfoncer dans la plage la première poutrelle de ce wharf tant désiré ? C’est ce qu’on se demande avec inquiétude à la Côte d’Ivoire. Pourtant le ministère fait procéder en ce moment à de nouveaux sondages, à de nouvelles études. Qu’en adviendra-t-il ? Les cartons verts sont là, qui guettent leur proie…

Il faut aussi, sans retard, se préoccuper un peu plus qu’on ne l’a fait jusqu’ici de la santé publique. Croirait-on qu’il n’existe pas encore de médecin à Assinie ? Les malades, pour recevoir les soins que comporte leur état, doivent être convoyés, souvent dans les plus mauvaises, sinon les plus dangereuses conditions, à Grand-Bassam. On frémit quand on pense à l’état dans lequel doivent arriver ces malheureux après un transport en hamac de onze lieues le long de la plage sous un soleil brûlant, avec le sassement et les soubresauts des porteurs. Il y a là une question d’humanité qui crie bien haut. Il faut augmenter le personnel médical de la Côte d’Ivoire, il faut installer un docteur suppléant à Grand-Bassam, un docteur également à Assinie.

Une nécessité qui ne s’impose pas moins est celle de