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relation de contact avec des gneiss, des diorites ou des schistes, soit de schistes cristallins, accolés le plus généralement à des murs de schistes ou à des filons de quartz. Les quartz sont ou bleutés, comme sur la frontière de la Côte d’Or, ou blancs comme dans la région de Krinjabo, ou rosâtres comme dans l’Alangoua. On en constate assez souvent de stériles ; la plupart du temps ils contiennent de l’or finement divisé, invisible à l’œil nu. Lorsque ce métal est apparent, c’est tantôt sous la forme de folioles fréquemment associées à de petits gîtes d’argent, comme à Kokonou (Samwi), tantôt à l’état natif, — quartz de Blékoum et d’Edoukoukrou (Alangoua). Les premiers ont donné une teneur moyenne de deux onces à deux onces et demie à la tonne ; leur épaisseur varie de 30 à 80 centimètres, mais il se rencontre aussi des filons de largeur véritablement énorme.

Les schistes cristallins, que traversent fréquemment des veinules de quartz blanc stérile, présentent une grande similitude avec le cascajo du Venezuela ; leur extrême friabilité, leur désagrégation rapide sous l’action hydraulique, contribueront puissamment à en faciliter le traitement. Leur teneur moyenne en or est de 20 grammes, s’élevant fréquemment jusqu’à 25 et 30, et l’épaisseur des couches de 0m, 50 à 1 mètre et plus.

Cette disposition de gîtes filoniens et de placers alternés se reproduit presque d’une extrémité à l’autre de la Côte d’Ivoire connue ; l’or de la roche parait cependant prévaloir dans le Baoulé où les indigènes, plus intelligens, sont, comme à Kokoumbo, parvenus dans une certaine mesure à travailler le quartz.

En résumé, lorsque le « mouvement aurifère » que l’exode anglais au Transvaal a commencé, que le raid australien prolonge et continue, que la Nouvelle-Zélande sollicite, dont l’Amérique du Nord bénéficie, ne trouvera plus dans ces différens champs d’or une carrière assez vaste pour sa marche fiévreuse, nous ne serions nullement surpris qu’il vînt atterrir en Guinée, et mettre enfin en valeur cette côte fortunée qui a successivement enrichi au moyen âge les Portugais, les Espagnols, les Hollandais et les Anglais et d’où, s’il faut en croire Burton et Cameron, la traite européenne n’a pas, depuis 1382 jusqu’à nos jours, exporté pour moins de 15 à 17 milliards de francs en poudre d’or. Déjà l’on annonce qu’un syndicat de Johannesburg vient d’acquérir de vastes concessions sur la Côte d’Or, entre la rivière Ofim et le Denkera anglais ; déjà une compagnie française, à laquelle il convient de souhaiter heureuse réussite, s’est fondée pour l’exploitation d’une partie des alluvions aurifères de l’Alangoua.