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particulièrement souhaitable le succès de cet effort privé.

De toutes les provinces naturelles qui se succèdent ainsi de l’ouest à l’est dans l’ordre suivant : Baoulé, Attié, Bettié, Samwi, le Baoulé est celle où l’action commerciale de la France sera le plus aisée. La médiocre profondeur de la forêt, entre Thiassalé et la mer, la praticabilité des routes, le peu de dangers que présentent les rapides du Bandama, sont autant de facteurs importans de nos progrès dans ce pays. L’absence de roches et de barrages dans la rivière Mmé assure également un développement assez prompt à l’Attié inférieur et moyen. Au contraire, les marches parfois considérables de diorite, les seuils de gneiss, de quartz et de granité qui barrent presque complètement le cours moyen du Comoé, notamment à Annocankrou, à Malamalasso et à Amenvo, retarderont, au moins jusqu’à l’amélioration de certains passages, voire jusqu’à la construction d’une véritable route latérale à la rivière, le grand essor commercial du Bettié vers la côte. Il en est de même de l’Indénié, région fort riche au N. -E. du Bettié, tributaire de le même voie fluviale. Quant au Samwi, l’admirable disposition de ses pittoresques lagunes, la longue navigabilité du Tanoé, le réservent sans aucun doute à une prospérité prochaine et considérable.

Cette prospérité variera, bien évidemment, avec le nombre et la puissance des richesses naturelles respectives de ces différentes provinces. Il conviendrait peut-être de ranger d’après deux catégories distinctes celles qui paraissent devoir fournir matière à de grandes exploitations et celles qui semblent au contraire appelées à une mise en œuvre restreinte et plutôt secondaire. C’est ainsi que, parmi les premières, pourraient figurer au premier rang l’or, les plantations et les bois ; parmi les secondes, l’huile de palme, le caoutchouc, l’ivoire, le copal, l’élevage, les pierres précieuses, le pétrole, etc. La première de ces deux classes d’exploitations, celle dont l’avenir verra certainement obtenir les plus fructueux résultats, celle qui sera, comme elle l’est en ce moment au Transvaal et en Australie, le facteur le plus important de la colonisation de ce pays, c’est l’industrie aurifère. Bien que la métallurgie de l’or ne date guère que de 1887, époque à laquelle la découverte du procédé dit de cyanuration permit de travailler avec bénéfice des mines trop pauvres pour être jusque-là productives et d’élever de 45 pour 100 le rendement et les dividendes de colles qui travaillaient avec profit, on peut dire que l’on est aujourd’hui arrivé à peu près à la limite des perfectionnemens possibles et que les progrès réalisés notamment en Californie, où l’on est parvenu à abaisser à 30 centimes le prix de revient du traitement par