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loupe. On examine ensuite les colonies à l’aide de grossissement de plus en plus forts et en les colorant avec des réactifs. On peut aussi les trier et les mettre séparément en culture sur des plaques nouvelles.

La nature des microbes étant ainsi reconnue, il reste à en évaluer la proportion, et à reconnaître les espèces auxquelles ils appartiennent. Pour se procurer ce complément d’information, on injecte à des animaux les liquides suspects ou les cultures qu’on en a obtenues. Si le résultat est négatif, on est autorisé à en conclure que les microbes injectés étaient inoffensifs. Si les animaux succombent, on compare les phénomènes qu’ils ont présentés à ceux des maladies analogues de l’espèce humaine, et l’on en tire des conclusions qui sans doute ne sont pas rigoureuses, mais qui valent mieux que rien. C’est déjà quelque chose que de pouvoir se diriger d’après des présomptions raisonnées dans un sujet aussi obscur, et la bactériologie est une science encore trop récente pour qu’on soit en droit de se montrer très exigeant à son égard.

Ai-je besoin de dire qu’en exposant d’une façon très sommaire la marche que suivent les hommes spéciaux, lorsqu’ils sont appelés à se prononcer sur les qualités d’une eau potable, je n’ai pas eu la pensée de donner, aux personnes qui liront cet article, des connaissances suffisantes pour leur permettre de procéder elles-mêmes à des recherches aussi délicates ? mais il est toujours utile de savoir comment se font les choses qui intéressent tout le monde ; et on en retire toujours quelque profit.

C’est dans la même intention que je vais indiquer, avec la même brièveté, les moyens auxquels on a recours pour procurer aux villes les eaux nécessaires à leur alimentation.


III

Les villes comprennent aujourd’hui la nécessité de fournir à leurs habitans de l’eau de bonne qualité et en quantité suffisante : aussi n’hésitent-elles pas à s’imposer pour cela des sacrifices souvent considérables. Les amenées d’eau sont au nombre des questions qui tiennent le plus de place dans les délibérations du Comité consultatif d’hygiène publique de France. C’est lui qui statue, en dernier ressort, sur les projets soumis au ministre, après avoir été préalablement examinés par les Conseils d’hygiène des départemens. Il les repousse souvent, soit à cause de la mauvaise qualité des eaux, soit à cause de l’insuffisance des sources. De 1884 à 1892, il a statué sur 455 projets de ce genre.