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au rivage de la mer d’Azov, jusqu’à la hauteur du port de Marioupol, à l’ouest[1].

Toutes les variétés de charbon s’y rencontrent ; les qualités convenant aux emplois industriels, et notamment aux besoins de la métallurgie, sont surtout dans la partie occidentale ; dans l’est dominent les charbons anthraciteux et l’anthracite. Le nombre des mines en exploitation s’élève à plus de cent soixante. Les plus importantes sont celles de l’ouest qui fournissent à peu près les trois quarts de la production totale du bassin. Des évaluations techniques portent à 4 500 000 tonnes la production houillère du bassin du Donetz en 1895. Les besoins du marché étant calculés sur le pied de 4 200 000[2], n’y a-t-il pas déjà un excès de production ? N’est-il pas à craindre que la consommation ne reste en arrière du rendement et qu’il n’en résulte, avec une baisse de prix, une crise ? Ces appréhensions ne sont pas sans quelque justification apparente à cause de la concurrence que font aux houilles du Donetz le naphte de Bakou et ses résidus. Des lignes de chemins de fer, certaines fabriques de sucre, même des bateaux à vapeur ont adopté ce dernier combustible. Toutefois il paraît difficile que les débouchés manquent sérieusement à la production houillère, dût-elle s’accroître encore avec rapidité, le développement industriel ayant présenté, au moins jusque dans ces derniers temps, une allure aussi accélérée.

Dans toute cette région houillère, surtout à l’ouest, on connaissait depuis longtemps des gisemens de minerai de fer. Ce n’est cependant qu’après la découverte de ceux de Krivoï-Rog qui s’étendent sur les bords du Dniepr inférieur, et aussi après la construction des chemins de fer, que l’on a commencé à considérer comme possible ; l’établissement d’usines métallurgiques en une contrée si lointaine et si pauvrement peuplée. Le gouvernement russe paraissant disposé à favoriser des créations de ce genre par d’importantes commandes de rails, des capitalistes et des directeurs de grandes usines de l’Europe occidentale se décidèrent à risquer l’aventure, à fonder en territoire russe des installations où fussent mis en œuvre les derniers perfectionnemens de l’industrie métallurgique, et dont les produits eussent le bénéfice des droits considérables qui frappent à l’entrée en

  1. Les communications du bassin avec le reste de la Russie sont effectuées par le chemin de fer de Kourk-Kharkov-Azov, par celui de Koslav-Voronège-Rostov, par celui de Nicolaïev et de Sébastopol, enfin par la ligne de Kastov. Ce réseau déjà très complet relie notamment tout le bassin houiller avec les gisemens de minerai de fer de Krivoï-Rog, autour desquels se sont fondés d’importuns établissemens pour la fabrication du fer et de l’acier.
  2. La clientèle comprend : les chemins de fer de la région, les usines métallurgiques, la navigation sur la mer Noire, l’industrie sucrière, les usines à gaz.