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importation, commerce général ou spécial, il apparaît en effet qu’un recul considérable s’est produit dans l’ensemble annuel de nos échanges avec l’étranger. Cela n’est vrai toutefois qu’au point de vue de la valeur. La diminution est beaucoup moindre, si même il y a diminution, dans les totaux représentant les quantités et les poids des marchandises et produits échangés. La diminution portée dans les publications douanières et se rapportant à la valeur doit être assignée pour une grande part, sinon pour la totalité, au phénomène général de la baisse des prix.

L’année 1890 avait marqué le point culminant d’une période de relèvement temporaire des valeurs. La dépréciation s’est produite ensuite, très rapide, entraînant la réduction du chiffre des exportations et des importations[1]. Admettons, ce que nous donnent à peu près les divers modes de calcul, que Lee prix aient baissé en moyenne de 15 pour 100 entre 1891 et 1894. Si on relevait de 15 pour 100 les chiffres du commerce extérieur de 1894, on trouverait un résultat très peu inférieur au total de 1891. Cette remarque oblige à reconnaître que si le régime douanier est, à un degré quelconque, responsable de l’affaiblissement du mouvement commercial, il ne l’est que partiellement. Presque dans le monde entier, en Angleterre, en Allemagne, dans l’extrême Orient comme en France, les années 1890 et 1891 ont marqué un apogée pour l’activité du commerce extérieur, et il y a eu, depuis lors, bien que dans des proportions inégales, réaction sur toute la ligne.

Depuis le milieu de 1895, les relevés mensuels des douanes n’ont cessé d’accuser, au contraire, pour l’exportation de nos objets fabriqués principalement[2], mais aussi pour nos autres envois à l’étranger, un progrès considérable sur 1894. Il y a là une raison de plus d’être circonspect dans l’affirmation d’une

  1. La publication des relevés révisés du commerce extérieur de la France en 1894 fait ressortir, d’une façon saisissante, l’influence de la baisse qui se produisit dans les prix pendant le cours de cette année. Les évaluations, portant sur les anciens prix, présentaient 4 119 millions de francs à l’importation et 3 275 à l’exportation. Lorsque la commission permanente des valeurs de douane eut fixé les prix pour 1894, les relevés nouveaux établis d’après cette évaluation firent apparaître, pour les importations, le chiffre de 3 850 millions, et pour les exportations, celui de 3 078 millions, soit une différence en moins dans la valeur, à volume égal, de 269 millions ou 6 et demi pour 100 aux entrées, et de 197 millions ou un peu plus de 6 pour 100 aux sorties.
  2. Augmentation, au 31 décembre 1895, de l’exportation des produits fabriqués, sur l’année précédente, 209 millions, sans compter l’accroissement des colis postaux, qui est de 28 millions. L’ensemble des exportations de toute nature a été en accroissement de 310 millions. Les cinq premiers mois de 1896 donnent une augmentation de 193 millions à l’importation et de 69 millions à l’exportation, dont 36 pour les produits fabriqués et 13 pour les colis postaux.