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qui, en Carniole, a 1 député pour 23 202 habitans, n’en a 1, en Istrie, que pour 98 140. La troisième classe qui, en Bukovine, a 1 député pour 16 électeurs, à Trieste n’en a 1 que pour 37 électeurs. La quatrième classe qui, dans le Vorarlberg, a 1 député pour 451 172 habitans, en Galicie, n’en a 1 que pour 224 826 habitans. Donc, inégalité de représentation entre les classes, dans l’Empire, et, dans chaque classe, entre les provinces ; inégalité dans le droit ou le pouvoir du vote entre la première catégorie d’électeurs et les trois autres ; inégalité dans la manière de voter entre les trois premières classes et la quatrième ; inégalité dans la quatrième classe par l’inscription d’office de certains moyens propriétaires comme électeurs du second degré.

Telle est l’organisation électorale de l’Autriche, telle qu’elle découle des lois du 21 décembre 1867, du 2 avril 1873, du 4 octobre 1882 et du 12 novembre 1886. Si, maintenant, on reprend point par point les propositions ci-dessus rapportées, et dont on a dit qu’elles étaient autant d’erreurs, il est évident, pour celles qui s’appliquent spécialement au régime autrichien, que ce régime n’est pas la représentation professionnelle, ou n’est qu’une représentation professionnelle fort incomplète ; que la troisième classe d’électeurs, chambres de commerce ou d’industrie, et si l’on veut, dans la deuxième classe, les marchés et centres industriels, en sont peut-être des embryons, mais des embryons non développés ; et que ce n’est point, en tout cas, la représentation professionnelle embrassant toutes les professions et les distribuant toutes en trois ou quatre groupes proportionnellement représentés.

Accordons même que la première classe représente la grande propriété et la quatrième classe, la moyenne et la petite propriétés foncières, en même temps que l’agriculture : on voit ce qui manquerait encore au régime autrichien pour être véritablement la représentation professionnelle, et, par exemple, que les professions libérales n’y ont pas leur place. D’où il suit que le régime autrichien est loin de fournir un modèle de représentation professionnelle qu’il faille adopter sans retouches et reproduire scrupuleusement. D’un autre côté, cette expérience partielle ou réduite de représentation professionnelle a-t-elle si mal réussi en Autriche qu’il y ait de quoi en désespérer pour toujours ? Mal réussi, ce serait trop dire ; médiocrement, c’est certain, puisqu’il n’y est question, depuis quelques années, que de réformes électorales. Mais la faute en est-elle à la représentation professionnelle elle-même et en tant que système, ou bien à l’adaptation que l’Autriche en a faite ? adaptation défectueuse et sans doute critiquable à plus d’un titre.