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campagnes » il se trouve des centres de population considérables. (C’est un cas analogue à celui des bourgs en Angleterre.)

Des deux dernières catégories : 3o chambres de commerce et d’industrie ; 4o communes rurales, il n’y a pas à donner de définition légale ; le nom dit assez ce qu’elles sont.

En récapitulant, on en arrive à cette observation. La première classe, grande propriété foncière, relève d’un type de « représentation organique » mixte, mais plutôt ancien, — propriété seigneuriale ou féodale ; — ce qui s’y montre de plus récent, — un cens sans autre condition, — est loin encore d’être vraiment moderne ; aristocratie mitigée par places de ploutocratie, mais nulle part imbue ou seulement infiltrée de démocratie ; grande propriété et non propriété tout court. La seconde classe, les villes, d’après la définition que la loi en donne, rentrerait plutôt, elle aussi, dans le type ancien, bien que, par « les marchés » et surtout par « les centres commerciaux et industriels », elle se rajeunisse et se rapproche du type moderne. La troisième classe, chambres d’industrie et de commerce, est moderne. La quatrième classe, les communes rurales, comme la deuxième, les villes, par plusieurs dispositions, se rattache au type ancien.

Cette deuxième et cette quatrième classes, les villes et les communes rurales, sont naturellement celles où le plus grand nombre de sujets autrichiens exercent leurs droits électoraux. Dans la troisième classe, chambres de commerce et d’industrie, le vote a lieu soit séparément, soit en commun avec les circonscriptions électorales des villes.

Nul n’est électeur en Autriche, si, outre les conditions ordinaires d’âgé, de domicile et de capacité, il ne paye un cens minimum de cinq florins d’impôts directs. Payant ce cens et remplissant toutes les conditions exigées, il est admis à voter dans sa classe : communes rurales, s’il habite un village ou un domaine foncier porté sur le cadastre d’un village, et villes, s’il réside en une commune légalement qualifiée de ville, au titre de ville ancienne, ou de marché, ou de centre industriel. Ainsi, à cet égard, les villes et les communes rurales sont moins des classes que des circonscriptions. Des deux autres classes, les chambres de commerce forment réellement une catégorie à part, et la grande propriété foncière, devant, en maint pays, être, par surcroît, seigneuriale, est encore une classe à peu près fermée.

Diverses inégalités existent, du reste, entre les classes. Tandis que l’élection est directe pour les trois premières, pour la quatrième, au contraire, elle se fait à deux degrés. Et non seulement il y a inégalité dans la manière de voter, mais il y a même inégalité dans le droit de vote ou plus exactement dans le pouvoir du vote.