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minime contribution directe ; il n’y a d’exclusion, pour ainsi dire, ni à l’électorat, ni à l’éligibilité ; et le peuple bavarois a sa représentation, comme la noblesse bavaroise a la sienne. Néanmoins, la séparation est peut-être moins marquée que dans le grand-duché de Bade, et, en tout cas, on paraît avoir compris le danger de couper la nation en deux parties distinctes et aisément rivales, car on fait prêter aux électeurs des deux degrés et aux élus le serment « de ne conseiller dans l’assemblée que ce qui sera conforme au bien général du pays sans avoir égard à des états ou à des classes particulières. » Mais qu’il faille faire prêter ce serment, au demeurant difficile à tenir pour tout homme et en tout pays, n’est-ce pas justement la preuve que les états et les classes particulières ont conservé, en Bavière, de la vie et de l’énergie ? On les proscrit, donc on les redoute ; on les redoute, donc elles sont. — Et, si c’est un régime de « classes » et d’ « états », ce n’est pas encore pour nous le modèle à imiter.

En Saxe, non plus, les Stände, les états n’ont point perdu leur antique vigueur ; et là, sans contredit, on se trouve en présence d’une forme complète de la représentation organique du « bon vieux temps ». Il serait fastidieux de donner la liste entière des dix-sept catégories d’où peuvent être constitutionnellement tirés les membres de la Chambre des seigneurs, et d’autant plus qu’elle renferme des membres de droit, à titre héréditaire, personnel ou « de situation », à côté de membres élus par des corporations ou des ordres privilégiés : chapitres, universités, seigneuries, collège des propriétaires de biens équestres et d’autres grands domaines ruraux ; la religion, la science et la terre noble. Dans la seconde Chambre saxonne, ainsi que dans la seconde Chambre badoise, jusqu’à hier, les villes avaient leurs députés et les campagnes avaient les leurs : encore une survivance ancienne en une institution modernisée. — Ce n’est point ce que nous cherchons.

Et quand, de Saxe, on passe en Wurtemberg, ce n’est même plus dans la Chambre des seigneurs seulement que se perpétue cette ancienne forme, mais c’est dans la seconde Chambre, dans la Chambre des députés.

Elle se compose, la Chambre des députés de Wurtemberg, de membres désignés par leur office ou leurs fonctions et de membres élus par la noblesse équestre, le chapitre métropolitain, les villes et les bailliages.

Comme dans le grand-duché de Bade, les chefs des familles de la noblesse dite « d’Etat » et les propriétaires de biens nobles ne peuvent être députés ni des villes ni des bailliages. Si ce n’est pas, comme dans le grand-duché, une Chambre populaire qui