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de fumier, soit avec des doses énormes de nitrate de soude et de superphosphates, MM. Lawes et Gilbert ne dépassaient pas, à Rothamsted, 32 hectolitres à l’hectare. Approprier la fumure à la variété semée est donc une condition essentielle de la réussite. Elle n’est complète que sur des terres enrichies par d’abondantes fumures antérieures, car je l’ai observé depuis longtemps : la fertilité ne s’improvise pas.

Ce n’est pas, au reste, habituellement, par son abondance que pèche la fumure, mais bien plutôt par son exiguïté ; longtemps, quand on en était réduit au fumier de ferme, quand les engrais de commerce étaient inconnus, la fumure était peu copieuse, car la quantité de fumier produite, dépendait de l’étendue des prairies, fournissant les alimens au bétail ; nous avons plus de facilités aujourd’hui, car aux engrais produits dans la ferme viennent s’ajouter les engrais commerciaux.

Ils commencent à peine à être employés ; cependant, grâce aux efforts des professeurs d’agriculture, grâce aux syndicats qui fournissent des engrais scrupuleusement analysés et à bas prix, les quantités acquises croissent chaque année ; et l’épandage de 200 ou 300 kilos de superphosphates à l’automne, de 100 à 150 kilos de nitrate de soude au printemps tend à se généraliser ; or, si le blé est placé après une plante sarclée, qui aura reçu du fumier de ferme, à l’aide de ce surcroît d’engrais chimique et avec une faible dépense, on fera aisément monter le rendement jusqu’à un nombre’ d’hectolitres suffisant pour que la culture du blé reste rémunératrice même avec les bas prix actuels. Ces prix sont-ils destinés à descendre encore, ou au contraire la baisse est-elle arrivée à sa limite, et pouvons-nous voir une période de hausse lui succéder ? C’est là ce qui nous reste encore à discuter.


VII. — NOUVEAUX DÉBOUCHÉS. — LE BLÉ DANS L’ALIMENTATION DES ANIMAUX. — OSCILLATIONS DES PRIX DANS LE PASSÉ. — LEURS CAUSES. — CONCLUSION

Nous venons d’indiquer comment il est possible d’abaisser les prix de revient au-dessous du prix de vente en augmentant les rendemens, mais, visiblement, pour qu’une production plus abondante ne détermine pas une baisse nouvelle, il faut ouvrir de nouveaux débouchés. Si l’emploi des quantités croissantes de grain, qu’une culture habile apportera au marché, n’est pas assuré, leur arrivée déterminera une crise de pléthore, et tous nos efforts seront vains.

Il ne semble pas que la consommation humaine, au moins