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dans la région betteravière que les rendemens du blé à l’hectare sont les plus élevés.


III. — PRÉPARATION DU GRAIN. — SEMAILLES. — LE BLÉ PENDANT L’HIVER

Nous avons fait diligence ; rapidement nous avons enlevé nos betteraves, arraché et rentré nos pommes de terre, retourné notre trèfle ; notre terre est fumée, labourée, hersée, roulée, prête pour les semailles ; avant d’y procéder, il faut être certain que le grain que nous allons confier au sol est exempt des germes de parasites qui pourraient compromettre la récolte. Deux champignons sont particulièrement à craindre : la car le et le charbon. Leurs spores adhèrent aux grains de blé ; quand on sème une graine contaminée, le parasite qu’elle renferme se développe en même temps que le blé lui-même ; au moment où le grain se forme, il est envahi, et au lieu de farine blanche, les enveloppes ne renferment plus qu’une multitude de spores noyées dans une matière noire, à odeur fétide.

On réussit à tuer ces spores à l’aide du sulfate de cuivre, qui exerce sur nombre de champignons une action spécifique des plus curieuses ; on sait que les bouillies, à l’aide desquelles on combat victorieusement le peronospora de la pomme de terre ou le mildew de la vigne, sont à base de sulfate de cuivre. Son efficacité contre la car le du blé avait été reconnue, dès le commencement du siècle, par Benedict Prévost ; mais, à cette époque, on se refusa à l’employer, par crainte de ses propriétés vénéneuses qu’on avait fort exagérées. Aujourd’hui nous sommes revenus de ces terreurs ; on dissout 1 500 grammes de sulfate de cuivre dans un hectolitre d’eau et on y plonge les grains contenus dans une corbeille ; après cette immersion, on les sèche, puis on les saupoudre de farine de chaux, et on peut dès lors les semer avec sécurité.

Parmi les avantages que présente une bonne préparation du sol, bien aplani par les herses et les rouleaux, se pince, en première ligne, l’emploi du semoir. Après bien des changemens, des modifications, cet instrument est devenu d’un usage habituel. Il consiste essentiellement en une grande boîte rectangulaire, fixée en travers d’un bâti sur roue traîné par un cheval. Cette grande caisse horizontale renferme, outre le grain, l’appareil distributeur ; on conçoit sans peine qu’un engrenage, mis en mouvement par le déplacement même de l’instrument, fasse tourner un axe horizontal portant des disques, auxquels sont fixées de petites cuillères qui se chargent de grains et les déversent dans une série de petites trémies, d’où ils s’écoulent dans des tubes