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I. — LE PRIX DE REVIENT DE L’HECTOLITRE DE BLÉ

On l’obtient en établissant d’une part les dépenses qui incombent à la culture d’un hectare de blé, en défalquant de ces dépenses la valeur de la paille, puis en divisant la somme ainsi diminuée par le nombre d’hectolitres recueillis.

Le numérateur de la fraction qu’il s’agit de calculer est formé par la somme d’un grand nombre de termes dont quelques-uns correspondent bien à des dépenses réellement effectuées, tandis que d’autres sont simplement évaluées et peuvent dès lors être enflées ou atténuées, suivant qu’on a intérêt à grossir ou à diminuer le prix de revient.

Les sommes payées an propriétaire pour la location de l’hectare, au percepteur pour les impôts, la facture du marchand d’engrais et de semences, le salaire des moissonneurs, des batteurs figurent au numérateur et sont bien des dépenses réelles, l’argent est sorti de ma caisse et je ne suis pas maître d’enfler ou d’amoindrir la somme versée, mais j’inscris encore les dépenses de labour, de hersage, de semailles, travaux exécutés par mes ouvriers, mes bœufs, mes chevaux ; j’inscris la valeur du fumier employé, ou les résidus des fumures antérieures ; or ces dépenses sont réelles mais impossibles à évaluer avec exactitude, et il y a de ce côté quelque incertitude ; le numérateur de notre fraction est donc quelque peu flottant ; le dénominateur, le nombre diviseur qui représente la quantité d’hectolitres récoltée est au contraire observé régulièrement ; il présente d’énormes variations, suivant les conditions dans lesquelles nous sommes placés.

C’est le quotient de cette fraction, le rapport des dépenses au nombre d’hectolitres récoltés qui représente le prix de revient.

Si les dépenses sont faibles, il ne sera pas nécessaire de les diviser par un gros chiffre pour avoir un prix de revient très bas, tandis que, si les dépenses sont considérables, on n’aura un prix de revient faible qu’avec de grands rendemens.

Le pionnier américain qui défriche les milliers d’hectares des plaines de l’Ouest des Etats-Unis et profite des richesses accumulées dans le sol par la culture herbacée qui le couvre depuis des milliers d’années, réduit ses travaux et par suite ses dépenses au minimum, il laboure, égalise son champ à la herse, sème, puis cesse tout travail. Si les conditions saisonnières ne sont pas trop défavorables, le blé lève, se développe et mûrit sa graine ; sans doute le rendement sera minime mais, quand bien même il se réduirait à 10 hectolitres de grain, il y aura encore avantage