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Piucela ni bachalar, eya,
Que tuit non venguan dançar
En la dansa jojoza. — A la vi’ a la via…
Lo reis i ven d’autra part, eya,
Per la dansa destorbar, eya,
Que el es en cremetar, eya,
Que om no li voill’ emblar
La regin’avrilloza. — A la vi’ a la via…
Mais per nient lo vol far, eya,
Qu’ela n’a sonh de viellart, eya,
Mais d’un leugier bachalar, eya,
Qui ben sapcha solaçar
La domna savoroza. — A la vi’ a la via…
Qui donc la vezes dançar, eya,
E son gent cors deportar, eya,
Ben pogra dir de vertat, eya,
Qu’el mont non sia sa par,
La regina jojoza. — A la vi’ a la via…


Je crois qu’il faut interpréter cette pièce comme une scène d’introduction à d’autres figures de balerie qui sont perdues. On ne fait ici que présenter la reine de mai ; d’autres scènes devaient mimer la colère du vieux roi, sa lutte contre son rival, montrer, comme le rondel que voici, comment on chasse de la ronde, sur l’ordre de la reine, les trouble-fête chagrins :


Tuit cil qui sont énamouré
Viegnent danser, li autre non !
La reïne l’a comandé :
Tuit cil qui sont énamouré.
Que li jalous soient fusté
Fors de la danse d’un baston !
Tuit cil qui sont énamouré
Viegnent danser, li autre non !


Ces textes éclairent d’une lumière suffisante tant de refrains où les danseurs raillent le mari, le « vilain », le « jaloux » : « Vous le lairez, vilain, le baler, le jouer, — Mais nous ne le lairons mie !… » — « Dormez, jalos, je vos en pri, — Dormez, jalos, et je m’envoiserai… » — « Ci le me foule, foule, foule, — Ci le me foule, le vilain !… » « Mal ait qui por mari — lait son leal ami !… » « Ostez le moi — Cest vilain la ! — Se plus le voi, — Je morrai ja ! »

Joie du printemps, appel à l’amour libre, telle était la double inspiration des chansons de carole. Quelques-unes pourtant sont d’un type différent : on y voit commencer l’histoire d’une fillette