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cause d’émotion l’arrivée d’un courrier dans les colonies lointaines. Le pavillon qui s’y montre à jours fixes et périodiques ne rend pas seulement service au commerce, il accroît l’influence de la nation qu’il représente.

Est-ce acheter ces avantages trop cher que de les payer par 25 millions de subvention annuelle ? Le montant en décroîtra du reste à mesure que le trafic commercial donnera de plus gros profits aux compagnies concessionnaires. C’est ainsi qu’il dépassait 27 millions en 1871 quoique les itinéraires fussent beaucoup moins étendus ou les départs moins fréquens. Le service du Brésil et de la Plata coûte cinq fois moins aujourd’hui que dans les années de début. Les services de la Manche, de la Corse, de la Méditerranée, n’exigent plus que de faibles subventions.

Il y a près de vingt ans, les contrats qui liaient l’Office anglais aux compagnies pour les transports des dépêches aux Etats-Unis étant expirés, le post master géneral décida de n’en pas conclure de nouveaux, mais de livrer ses sacs aux armateurs des navires les plus rapides avec une rémunération calculée à raison du poids des lettres ou des imprimés. Il trouva bien, il est vrai, assez de navires en partance pour assurer trois courriers réguliers par semaine entre l’Angleterre et New-York ; mais les compagnies qui possédaient, les navires les plus rapides ne voulurent pas se prêter à l’expérience. C’est un inconvénient qui n’est pas à craindre chez nous, puisque les lois sur la marine marchande obligent les capitaines de navires français à prendre charge, avant leur départ, des sacs de dépêches que l’administration des postes veut leur confier.


IV. — LES CABLES SOUS-MARINS

A notre époque, la correspondance télégraphique est quotidienne entre tous les pays du globe. Les journaux nous tiennent chaque matin au courant de ce qui s’est passé d’important la veille dans les deux hémisphères, « de Paris à Pékin, du Japon jusqu’à Rome », et même on Océanie et dans les deux Amériques. Les câbles sous-marins gisent sous les Ilots de tous les océans, sauf l’océan Pacifique, et encore promet-on que cette lacune disparaîtra bientôt. Dans les mers de notre Europe, telle que la Méditerranée ou la mer du Nord, les câbles sont si nombreux que, si l’on a besoin d’en réparer un, on risque d’en endommager deux ou trois autres. On a peut-être oublié que cette industrie ne remonte guère à plus de quarante ans et qu’elle eut tant d’échecs au début qu’on en a presque désespéré.