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les bruits de la nature. Ils semblent avoir été peu développés chez les êtres du commencement du Primaire. Il y avait parmi eux des polypes et des spongiaires qui sans doute ont été dépourvus de vésicules auditives comme ceux d’aujourd’hui. Les premiers êtres qui ont joui du privilège de recueillir des sons, ont pu être les méduses. M. Nathorst, en Suède et M. Walcott, aux Etats-Unis, ont attribué à ces animaux d’étranges empreintes trouvées dans le Cambrien inférieur. On prétend que, malgré leur apparence d’extrême simplicité, les méduses ont, au bord de leur ombelle, des corpuscules dont les uns sont des ocelles et les autres sont des vésicules auditives ; il n’est pas impossible que ces corpuscules aient existé autrefois et aient eu les mêmes fonctions.

Les brachiopodes des genres Lingula et Discina, qui vivaient déjà à l’époque cambrienne, ont aujourd’hui des vésicules auditives (otocystes) avec des otolithes (pierres de l’oreille). Il en est de même des mollusques de différentes classes. Fischer a écrit : Malgré l’existence d’un appareil auditif, les mollusques paraissent insensibles au son. Nous pouvons donc supposer que, si les brachiopodes et les mollusques des temps anciens ont eu un organe de l’ouïe, cet organe avait des fonctions bien bornées.

Les crustacés ont également des vésicules auditives avec des otolithes. Plusieurs insectes ont un tympan ; chez d’autres, l’appareil auditif n’est pas encore connu ; il en est ainsi chez les arachnides. Cela n’empêche pas ces animaux d’entendre des sons ; il a pu en être de même dans les âges primaires.

Jusqu’à présent peu de paléontologistes ont eu l’occasion d’étudier les oreilles des vertébrés fossiles ; aussi, pour comprendre ce qu’a été le sens de l’ouïe dans les espèces fossiles, nous sommes le plus souvent réduits à faire des suppositions fondées sur leurs analogies avec les vertébrés actuels. Lorsque l’oreille a son complet développement, on y distingue trois parties : l’oreille externe avec le pavillon et le conduit auriculaire terminé par le tympan ; l’oreille moyenne ou caisse avec ses quatre os ; l’oreille interne ou vestibule avec les canaux semi-circulaires et le limaçon.

Les poissons, qui sont les plus anciens vertébrés, ont leur organe de l’ouïe encore très incomplet ; on ne voit chez eux ni oreille externe, ni oreille moyenne. L’oreille interne est elle-même imparfaitement développée, car elle n’a pas un vrai limaçon ; elle est constituée par un sac membraneux (otocyste) duquel partent les canaux semi-circulaires ; le sac renferme soit une quantité de petits cristaux de carbonate de chaux (otoconies),