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c’est parce que les vertébrés ne leur disputaient pas l’empire de la terre et des mers. Quand nous voyons les reptiles devenir, pendant l’ère secondaire, les plus gigantesques créatures qui parurent jamais sur les continent, nous pensons que cela résulte en partie de ce qu’ils n’ont pas été gênés par des mammifères, plus agiles, plus adroits, plus intelligens. Le développement magnifique de ces derniers durant les temps tertiaires n’a pas été entravé par les sociétés humaines ; ils ont été les seuls maîtres du monde ; l’accroissement de ceux d’entre eux qui ont été des herbivores et forment leurs espèces les plus nombreuses. a été favorisé par l’extension des angiospermes et notamment des graminées ; l’accroissement des carnivores a été à son tour facilité par la multiplication des herbivores dont ils faisaient leur nourriture. Mais, certainement. À ces causes, il faut en ajouter d’autres que nous ignorons. Nous sommes arrivés à cet état de la science où l’on constate beaucoup de choses, où nous en expliquons très peu.

La progression dans la grandeur du corps des animaux n’a pas été indéfinie ; elle s’est arrêtée chez les articulés dans le Primaire, chez les reptiles dans le Secondaire. chez les mammifères terrestres à la fin du Tertiaire. Cependant le perfectionnement des êtres semble être continu. Il faut conclure de là que le développement de la matière n’est pas la condition essentielle du progrès : le progrès réside dans une sphère plus haute.


ALBERT GAUDRY.