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radiolaires, des foraminifères avec des spicules d’éponges. Peut-être, dans divers pays, on va, suivant l’exemple de l’habile paléontologiste de l’École des mines, soumettre les roches anciennes à l’examen du microscope et y rencontrer des organismes. En attendant, il faut reconnaître que nous avons peu de traces d’êtres vivans dans les assises inférieures au Cambrien.

Il n’en est plus de même pour ce terrain. Quelques paléontologistes, notamment Barrande en Europe et M. Walcott en Amérique, y ont signalé de nombreux fossiles. Néanmoins nous pouvons dire que leur abondance n’est pas en proportion de l’épaisseur des couches et du temps immense qu’elles représentent.

Dans le Silurien, les vestiges de la vie se multiplient : les calcaires de Dudley sont pétris de fossiles ; M. Barrande m’a conduit dans des gisemens de la Bohème où l’on ramasse des orthocères ainsi que dans nos étages parisiens on récolte des cérites : j’ai vu en Russie des falaises siluriennes remplies aussi d’orthocères ; en Bretagne MM. Édouard et Louis Bureau m’ont montré les cercueils de la Hunaudière dans chacun desquels est un morceau fossile, souvent un trilobite entier. En Suède et en Amérique, les terrains siluriens sont très fossilifères.

Les autres couches primaires ne renferment pas moins d’invertébrés : en outre, nous y trouvons parfois de nombreux vertébrés comme à Lethen-Bar en Écosse, où on a rencontré tant de miches contenant un Pterichthys, et à Muse, près d’Autun, où chaque feuillet de schiste offre des poissons et des coprolithes de reptiles.

Quand nous quittons les assises anciennes pour aborder le Secondaire, nous constatons beaucoup d’absences. Mais en même temps nous apercevons une multitude de formes nouvelles. Les sources de la vie, au lieu de s’épuiser, grandissent toujours. D’Archiac avait pensé qu’à l’époque du Trias, il y avait en diminution, les êtres primaires ayant disparu en partie et les êtres secondaires n’ayant pas encore pris tout leur essor. Mais les vastes ouvrages de Mojsisovics viennent de nous apprendre que le monde des invertébrés triasiques était d’une extrême richesse.

Dans les temps jurassiques, le nombre des animaux devait surpasser celui des créatures primaires. Les récifs du Corallien de la France étaient plus importans que ceux du Dévonien de la Belgique. L’abondance des Exogyra vírgula dans les falaises de Boulogne est prodigieuse. Sur beaucoup de points on trouve des accumulations d’ammonites, de bélemnites, de mollusques de toute sorte. Solenhofen en Bavière et Holzmaden dans le Wurtemberg semblent des mines inépuisables de fossiles. Eudes Deslongchamps