Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/798

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reconnaîtront qu’un des meilleurs moyens pour fixer la date d’un terrain est de savoir le stade de développement des fossiles qu’il renferme.


I

Le monde animé est une grande unité dont on peut suivre le développement comme on suit celui d’un individu. — Lorsque, embrassant l’immensité des temps géologiques, nous en suivons le cours, nous rencontrons des changemens successifs ; notre esprit marche de surprise en surprise. Chaque époque a eu sa physionomie propre, et chaque phase de chaque époque a présenté quelque variation ; les jours du monde se suivent et ne se ressemblent pas.

Si manifestes que soient les différences, elles ne sont pas radicales. La paléontologie n’a fait découvrir aucun embranchement nouveau, aucune classe ou sous-classe nouvelle.

Dès les siècles primaires, la nature animée avait des traits généraux de ressemblance avec la nature actuelle. Déjà les spongiaires et les polypes formaient des colonies, les échinodermes se divisaient en cinq parties, les insectes étaient munis de trois paires de pattes, les arachides en possédaient quatre, les myriades en avaient une multitude. M. Bernard Renault a trouvé dans le terrain houiller un ostracode dont le corps s’est conservé entièrement ; l’étude qu’en a faite M. Charles Brongniart a montré les mêmes détails d’organisation que de nos jours. Plusieurs brachiopodes appartenaient à des genres qui existent dans nos mers : Lingula, Rhynchonella, Terebratula. A côté de poissons de types spéciaux, on en a rencontré qui ont des tendances vers ceux d’aujourd’hui ; M. le professeur Vaillant, en examinant un genre permien, que j’avais autrefois décrit sous le titre de Megapleuron, le juge si voisin des Ceratodus vivans d’Australie qu’il propose de l’inscrire sous le même nom générique. Les reptiles primaires, quoique très différens de ceux de notre époque, ont plusieurs caractères semblables. Par exemple, ayant eu occasion d’étudier en détail les reptiles du permien dont nous avons une belle collection, grâce aux savans d’Autun, je fus très frappé de voir que leurs têtes, soit en dessus, soit en dessous, ont les mêmes os que chez les animaux actuels. En comparant les pattes d’un reptile du même terrain, avec celles d’un varan ordinaire, MM. Marcellin Boule et Glangeaud ont remarqué leur extrême similitude.

Lorsqu’on arrive dans le Secondaire, on découvre beaucoup d’animaux invertébrés qui se rapportent à des genres vivans.