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de demain : on peut être sûr qu’elles seront tranchées par les deux nations contractantes de manière à ce que leur influence ne soit pas un vain mot. Elles ont obtenu ce qui devait être le résultat final du long effort auquel elles se sont livrées, sans que l’une puisse jamais regretter ce qu’elle abandonne à l’autre, et c’est le signe caractéristique des bons arrangemens.

Celui du 15 janvier ne s’est même pas arrêté là. On a pensé à Londres et à Paris que, puisqu’on était sur le point de résoudre une question depuis longtemps en souffrance, on ferait encore mieux d’en régler du même coup quelques autres. Pourquoi s’est-on arrêté en si bon chemin ? Les deux gouvernemens ont décidé qu’ils nommeraient des commissaires pour fixer de commun accord, après examen des titres invoqués de part et d’autre, la délimitation la plus équitable entre les possessions anglaises et françaises à l’ouest du bas Niger. Quel rapport y avait-il entre le Mékong et le Niger ? Évidemment aucun : le lien qui a été établi entre eux n’existait que dans le désir de conciliation des deux cabinets. Il y avait, s’il est possible, moins de rapports encore entre le Siam et la Tunisie : pourtant la Tunisie profitera à son tour des bonnes dispositions qui se sont manifestées à la fois des deux côtés de la Manche. L’Angleterre consent à négocier avec nous un nouveau traité de commerce pour la Régence de Tunis, afin, dit-elle en reproduisant les termes par lesquels l’ancien traité prévoyait sa propre révision, que les deux parties contractantes puissent avoir occasion d’améliorer leurs relations mutuelles et de développer les intérêts de leurs nations respectives. Nous avions toujours été convaincus que l’Angleterre ne ferait aucune difficulté pour remanier un traité qui, surtout depuis la dénonciation faite par nous de celui qui liait l’Italie à la Régence, ne concordait plus avec la situation créée par notre protectorat. Il est à désirer que l’Italie profite de l’exemple qui lui est donné, et qu’elle montre les mêmes dispositions que l’Angleterre à conclure un nouvel arrangement commercial à la place de celui qui prendra fin dans quelques mois.


FRANCIS CHARMES.