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proviseurs ni des censeurs ; et c’est sans doute pour cela qu’on propose aujourd’hui d’en attribuer aux « répétiteurs ».

Mais la grande réforme, la vraie, celle que l’on pourrait vraiment appeler « démocratique » et « sociale », consisterait à faire entrer, comme autrefois, dans le Conseil supérieur de l’instruction publique, des militaires et des marins, des magistrats et des ingénieurs, des industriels et des commerçans, voire des évêques et des cardinaux. C’est ce que ce sectaire de Ferry, dans son Exposé les motfs, appelait « mettre l’Université en surveillance, sous la haute police de ses rivaux, de ses détracteurs et de ses ennemis ». Il ne se souciait guère, en le disant, de quel droit, à quel titre il insultait ainsi du haut de sa morgue tout ce qui, pour n’appartenir pas à l’Université, n’en était sans doute pas moins Français. Il ne se souciait pas davantage de la vérité, ni des intérêts des études ou de l’éducation, mais uniquement des intérêts de sa politique « anticléricale » et « opportuniste ». Ai-je besoin d’en donner une preuve assez parlante ? Qui croira que dans son Conseil supérieur, telles de nos grandes écoles, Saint-Cyr et l’École navale, par exemple, n’ont jamais été représentées ? Il est vrai qu’en revanche les professeurs des « Facultés de théologie catholique » devaient l’être, si d’ailleurs on ne s’était promis de supprimer promptement les « Facultés de théologie catholique, » — et il y a longtemps qu’on l’a fait.

Exprimera-t-on là-dessus la crainte fallacieuse que, dans un Conseil supérieur ainsi modifié, « les tuteurs attitrés des enseignemens rivaux » ne réussissent à dominer « les représentans naturels de l’enseignement de l’État » ? Ce serait trop d’impertinence, et si le terme est sans doute un peu vif, il pourrait l’être, il devrait l’être davantage, car il y a plus que de l’impertinence à poser en principe, comme on l’a fait en 1880, que nos amiraux, ou nos conseillers à la Cour de cassation, ou nos ingénieurs des mines soient les « tuteurs attitrés des enseignement rivaux » de celui de l’État ;- et je ne pense pas qu’on l’osât aujourd’hui. Nous admettons, d’ailleurs, sans la moindre difficulté que, dans le Conseil supérieur de l’instruction publique renouvelé, les membres de l’enseignement de l’État continuent d’être en majorité. Question de proportion à discuter et de chiffre à fixer ! Posez donc en principe, si vous le voulez, inscrivez dans la loi constitutive du Conseil que les membres étrangers à l’enseignement n’en pourront faire partie que dans la proportion du tiers du chiffre total ! Que craindrez-vous après cela ? Que, dans une assemblée d’une soixantaine de membres, une demi-douzaine d’évêques, de pasteurs, et de rabbins n’entraîne votre majorité ?