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avons été amenés à engager à Compiègne et où nous puisions l’espérance d’obtenir une plus prompte évacuation de notre territoire par les troupes allemandes, dénotent que le chancelier de l’Empire ne s’est pas rendu un compte exact des mobiles qui nous ont fait agir.

« Nous avons une trop haute idée de l’autorité qui lui appartient, auprès de son souverain, pour supposer que quoi que ce soit d’important puisse se négocier et se conclure en dehors de lui, et nous ne nous sommes engagés dans des pourparlers avec le général de Manteuffel sur l’évacuation de notre territoire que dans la pensée que le prince de Bismarck devait en avoir connaissance et ne les désapprouvait pas. Je tiens au surplus à vous mettre au courant des circonstances qui ont précédé et motivé le projet de convention préparé de concert entre M. Pouyer-Quertier et le général de Manteuffel, et je ne crois pouvoir mieux faire, dans cette vue, que de vous communiquer la dépêche ci-jointe que j’ai écrite à M. de Clercq, avec le texte même de l’arrangement. Il nous importe, au plus haut point, qu’un malentendu, reposant sur des questions de forme, ne vienne pas compliquer et entraver une négociation, dont l’objet est pour nous d’un si grand intérêt. Nous ne savons pas encore d’une manière positive si le comte d’Arnim, sur qui le prince de Bismarck a arrêté son choix pour traiter avec nous, recevra l’ordre de se rendre à Paris, ou si la délibération se suivra à Francfort entre lui et nos plénipotentiaires ã la Conférence. Dans tous les cas, nous serons heureux de nous trouver en présence d’un homme en possession de l’entière confiance du chancelier de l’Empire.

« Nous désirons en toute loyauté un prompt et complet retour aux relations pacifiques avec le cabinet de Berlin, et il ne dépendra pas de nous que l’ensemble des questions encore à régler ne reçoive la solution la plus propre à développer les rapports de bonne intelligence entre les deux pays.

« DE REMUSAT. »

A Berlin, l’impression de l’entretien que j’avais eu avec le prince de Bismarck ne fut pas moindre qu’à Paris. Les journaux à la dévotion du chancelier, et c’était à peu près toute la presse, confirmèrent, en partie, les déclarations qu’il m’avait faites. Le corps diplomatique, qui n’avait que bien rarement l’occasion de voir le puissant ministre, s’empressa de venir aux nouvelles. Je tins à paraître rassuré vis-à-vis de mes collègues, mais, au fond, je ne l’étais pas beaucoup plus qu’eux. La vue du prince de