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des prétentions à l’ancienneté, le désir d’avoir des portraits d’ancêtres dispose à accepter comme authentiques des portraits qui ne le sont nullement. Au xviie siècle, on a eu la manie des peintures rétrospectives, c’est-à-dire de peintures faites longtemps après la mort des ancêtres, imaginées à l’aide de documens plus ou moins exacts. Saporta s’est étendu sur la manière de distinguer les portraits réels des faux. Il a reconnu que les différences de coiffure offrent un des meilleurs moyens d’établir la date des portraits de femmes, et il s’est livré à une étude vraiment curieuse des coiffures des siècles derniers.


III


Lorsqu’on joint aux essais historiques de Saporta ses publications sur l’histoire naturelle, on s’étonne qu’un seul homme en ait été l’auteur. Il a fallu, pour l’accomplissement d’un tel œuvre, non seulement la passion de la science et une singulière force d’esprit, mais aussi le recueillement dans lequel s’est écoulée la vie du grand naturaliste d’Aix. Un professeur du Jardin des Plantes serait dans l’impossibilité matérielle de faire de pareilles publications. Saporta a donné quatre volumes sur la Végétation du Sud-Est de la France à l’époque tertiaire, un mémoire sur la Flore fossile de Sézanne, un autre (avec M. Marion) sur la Flore de Gelinden, un autre sur la Flore de Meximieux, un autre sur les Anciens climats de l’Europe, deux autres sur les Organismes problématiques, six volumes sur les Plantes jurassiques de la France, trois volumes sur l’Évolution du règne végétal (avec M. Marion), un volume intitulé : le Monde des plantes avant l’apparition de l’homme, un autre sur l’Origine paléontologique des arbres cultivés, un autre sur la Flore fossile du Portugal : total, vingt-deux volumes. En outre, c’est lui qui a décrit les plantes fossiles dans ma Géologie de l’Attique ; il a été le collaborateur de Falsan dans sa belle étude appelée : les Alpes françaises ; il a publié une multitude de notes ou mémoires dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, dans la Revue des Deux Mondes, dans le Bulletin et les Mémoires de la Société géologique de France, dans les Comptes rendus de l’Association française pour l’avancement des sciences, dans la Revue générale de botanique. Les descriptions sont accompagnées d’un grand nombre de dessins d’après nature faits presque entièrement par l’auteur ; à eux seuls, ils représentent une somme énorme d’heures de travail. Pour plusieurs de ses ouvrages il a eu la précieuse collaboration du directeur du Musée d’histoire naturelle de Marseille, M. Ma-