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ordre d’idées de prophylaxie pratique, que, au sortir des voitures, des trains ou des paquebots, les sacs de dépêches, les ballots de marchandises (lainages et fourrures) expédiés des localités atteintes, fussent rapidement soumis, dans des locaux aménagés ad hoc, à des fumigations ou à des pulvérisations antiseptiques qui, sans en retarder sensiblement la distribution, en atténueraient sûrement l’indiscutable contagiosité.

Faibles ressources ! objectera-t-on, et de garantie problématique. Sans doute, prise isolément, chacune de ces mesures n’aie droit de prétendre qu’à une efficacité des plus restreintes. Mais leur ensemble constitue positivement un faisceau de moyens, préservatifs ou restrictifs, dignes d’inspirer confiance. Et d’ailleurs, est-il possible de faire mieux, dans l’état actuel de nos connaissances, ou de notre organisation sociale ? Melius anceps quam nullum… dirons-nous en terminant, si l’on veut enfin rompre avec les funestes traditions de honteuse passivité ou de coupable scepticisme, qui ont trop longtemps laissé à la grippe le libre exercice du pouvoir malfaisant dont elle a si prodigieusement abusé.


Louis DELMAS.