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réalisée que pour la variole. Mais il n’est pas douteux que cette méthode de vaccination préventive ne s’étende prochainement à la plupart des autres maladies infecto-contagieuses. C’est par l’ingestion ou par l’inoculation de produits organiques ou minéraux que nous nous efforçons d’atteindre, jusque dans les mystérieuses profondeurs de l’organisme, l’élément pernicieux qui en menace le fonctionnement. C’est là en somme, la médication antiseptique naturelle, celle que nos pères ont, de tout temps, pratiquée sous d’autres noms. Antiseptiques, en effet, la plupart des fébrifuges de la vieille, aussi bien que de la nouvelle pharmacopée : le quinquina, ses dérivés et ses similaires ; — l’acide salicylique ; — l’antipyrine ; non moins antiseptiques bon nombre de topiques périodiquement à la mode, ou fidèlement adoptés par la chirurgie populaire : l’alcool et les teintures (sans oublier celle d’arnica) ; — les aromates ; — les astringens ; — les caustiques, etc. La nature prévoyante en avait suggéré l’usage, bien avant de nous en révéler le mode d’action précis. Or, le traitement pathogénique de la grippe, ne pouvant et ne devant être par-dessus tout qu’antiseptique, il est facile de s’expliquer combien, dans la pratique, les résultats actuels diffèrent peu de ceux qui les ont précédés. Recourant à des moyens analogues ou identiques, nous ne saurions obtenir d’eux des effets beaucoup plus appréciables ou plus sûrs. Il serait cependant injuste d’en conclure que nous soyons, là-dessus, absolument au même point que nos devanciers. A des indications plus nettes correspondent nécessairement des applications plus efficaces. Et en outre, les expériences comparatives, inspirées par les théories régnantes, ayant mis en lumière les variations de la valeur anti-microbienne de chacun de nos principaux fébrifuges, il nous est incontestablement loisible de les mieux choisir et de les administrer plus à propos.

C’est ainsi qu’avec la majorité des observateurs de ces cinq dernières années nous recommanderons, comme antiseptique grippal par excellence, les sels de quinine (sulfate, chlorhydrate, bromhydrate), seuls ou associés à des médicamens sédatifs tels que : l’antipyrine (un à deux grammes), la phénacétine (cinq décigrammes à un gramme), la codéine (un à deux centigrammes). Leur action, constante et certaine, n’exige, dans les cas moyens, non compliqués, que des doses modérées (cinq à huit décigrammes), mais continuées jusqu’à disparition du mouvement fébrile. — Dans les formes graves, avec fièvre excessive et localisation pulmonaire intense, il conviendra non seulement d’élever la dose, mais de renforcer l’effet spécial de la quinine par celui, aujourd’hui si connu, du salicylate de soude. Les merveilleuses