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LE ROMANTISME
ET L'EDITEUR RENDUEL
(1870-1872)

I.
EUGENE RENDUEL ET VICTOR HUGO


Redis-nous cette guerre,
Les livres faits naguère
Selon le rituel
De Renduel !

Théodore de Banville. — Aube romantique.


C’était pendant la Commune, à l’heure où tous les jeunes gens qui avaient pu fuir de la capitale afin de ne pas être enrôlés par les maîtres de Paris, erraient en province ou gagnaient l’étranger. « Va donc chez nos amis Renduel, » m’écrivirent un jour mes parens, demeurés obstinément dans la capitale. Eh oui, je savais bien que j’avais dans la Nièvre, aux environs de Clamecy, de vieux amis qui m’avaient vu naître et qu’on me menait poliment voir quand ils venaient, par hasard, à Paris ; mais ils ne me semblaient pas très amusans, mes vieux amis Renduel ; et le séjour que j’avais fait avec mes parens à Beuvron, vers ma quatorzième année, avait laissé dans mon esprit un souvenir peu récréatif. Et cependant je me décidai à aller leur dire bonjour. J’étais venu pour quatre ou cinq jours, pensais-je, à Beuvron ; j’y restai cinq semaines. Certes mes parens ne s’étaient