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des Alpes qu’il a tant aimées : elles semblent un chaos de près et à mesure qu’on s’en éloigne, elles s’unissent pour ne former au bord de l’horizon qu’une petite ligne bleue, — qui est tout un monde.


I

Une nuit de l’été de 1833, le gardien d’une des portes de Schaffhouse était réveillé par le bruit d’une chaise de poste, et lorsqu’il eut, en rechignant, ouvert ou à peu près sa barrière aux tardifs voyageurs qui l’imploraient, la voiture passa avec tant de hâte qu’elle brisa une de ses lanternes, puis elle disparut dans la ville. Arrivée à l’hôtel, on en vit descendre un courrier, un gentleman anglais et sa femme, une petite fille, un jeune garçon de quatorze ans et un domestique. Et tout ce monde chercha aussitôt un peu de sommeil. Il fallait être debout le lendemain matin pour le service, car on était dans la nuit d’un samedi à un dimanche.

Les noms que l’hôtelier inscrivit le lendemain sur son registre n’avaient rien que d’obscur et les renseignemens qu’il pouvait obtenir du courrier, Salvador, sur ses nouveaux cliens, que de banal. Si on lui eût dit que M. John James Ruskin, le gentleman en question, était marchand de vins dans la Cité et avait son nom dûment et honorablement gravé sur une plaque de cuivre de Billiter Street en tête de la raison sociale, Ruskin, Telford, and Domecq ; qu’il était un des plus grands importateurs de sherry de son époque et un des plus intègres négocians de son pays ; que la dame descendue avec lui à l’hôtel était sa femme, auparavant miss Margaret Cox, le jeune garçon, John, son fils unique, et la petite fille, Mary, une nièce orpheline ; et que tout ce monde était tory et jacobite en politique, presbytérien en religion, — on n’eût rien dit que de vrai, et pourtant ce n’eût point été là de quoi intéresser l’histoire de l’art. Il eût fallu ajouter que cette

    of Mr Ruskin ; Londres, 1889. — Miss Anne Thackeray Ritchie, Records of Tennyson, Ruskin and Browning ; Londres, 1893 ; The Ruskin Birthday Book ; Londres, 1883. T.-J. Wise et J.-P. Smart, The Bibliography of the writings of John Ruskin. — Miss A.-M. Wakefield, Ruskin on music.- William Jolly, Ruskin on education. — William White, A descriptive Catalogue of the Ruskin Museum, Sheffield. — William E.-A. Axon, John Ruskin. A bibliographical Biography, 1879. — William Smart, John Ruskin, his life and work, 1880. — Edmund J.-Baillie, John Ruskin, Aspects of his thought and teachings, 1882. — W. Smart, A Disciple of Plato, a critical Study of John Ruskin, 1883. — J. Marschall Mather, John Ruskin, 1883. — William Marwick, the Ruskin Reading-Guild Journal, 1889 et Igdrasil, 1890. — W.-H. Mallock, the New Republic. — H.-W. Acland, The Oxford Museum Ruskin ; Londres, 1893. — Frederic Harrison, Ruskin as a master of prose. Nineteenth Century, 1895.