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appartenaient à celles du Stautronotus Maroccanus (Thunherg).

De grandes particularités les distinguent : L’Acridium peregrinum est de grande taille, — 46 à 55 millimètres chez les mâles, 57 à 60 millimètres chez les femelles ; — il est suivant son âge de couleur rose ou jaune citron marqué de fauve. Ses vols se montrent dans le Tell au printemps, avril et mai ; les terrains propices trouvés, chacun de ces acridiens n’a qu’un souci, c’est de perpétuer sa race ; les femelles, obéissant à-leur instinct maternel, enfoncent leur abdomen de 6 à 8 centimètres dans le sol et y cachent leur progéniture ; leur rôle n’est point de mourir, comme on l’a cru longtemps, aussitôt après la ponte, mais de s’apparier et de pondre nombre de fois.

Le Stautronotus Maroccanus est de taille moitié moindre, — 17 à 28 millimètres chez les mâles, 20 à 33 chez les femelles ; — il est de couleur roux testacé, relevé de taches fauves.

Les vols du St. Maroccanus descendant des Hauts-Plateaux, lieux de leur origine, font leur apparition dans les plaines pendant les mois de juin, juillet et août ; les champs de prédilection trouvés, chacun s’unit selon son goût ; les femelles fouillent le sol de leur abdomen jusqu’à 3 et 4 centimètres, et y effectuent le dépôt de leurs œufs. Leurs devoirs remplis, pères et mères, après s’être accouplés à diverses reprises, et avoir pendant deux mois effectué de nouvelles pontes, s’en vont en trébuchant mourir dans quelque coin. Maigre engrais pour une terre qu’ils ont si prestement dépouillée de ses récoltes ! Quant à leurs pontes, ce n’est qu’après neuf mois de séjour en terre, c’est-à-dire au printemps, que les jeunes voient la lumière du jour.

Les vols des Acridium peregrinum, composés des individus de la seconde génération, nés et développés dans le Tell et qui ont échappé à une mort violente, vont, à notre exemple, ainsi qu’on le verra plus loin, passer l’hiver dans de chaudes stations au Sahara, sauf à revenir sous une latitude plus tempérée quand le désert devient brûlant.

Les jeunes criquets éclosent, temps moyen, une vingtaine de jours après la ponte (10 à 45 jours).

De toutes les espèces connues, celle du Stauronotus Maroccanus paraît être en somme la plus répandue, surtout dans les régions qui avoisinent la Méditerranée. On le rencontre dans les pays suivans : Espagne, Portugal, France méridionale, Sicile, Grèce, Hongrie, Crimée, Chypre, Asie Mineure, Égypte, Tripolitaine, Tunisie, Algérie et Maroc. Il a été le grand ravageur de l’île de Chypre ; il n’a pas épargné l’Asie Mineure ; il a commis des déprédations jusqu’en Russie ; il est une des plaies de l’Espagne ; il reste toujours la terreur de l’Algérie. Vu l’aire immense