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LA COLONISATION FRANÇAISE
À PROPOS DE MADAGASCAR

I

Depuis un quart de siècle l’auteur de cet article a fait de la colonisation l’un des objets favoris de ses études ; il s’est aussi pratiquement mêlé à diverses entreprises coloniales. Bien des fois il s’est demandé pourquoi la France, dont la situation en Amérique et en Asie paraissait si brillante et si pleine de promesses soit à la fin du XVIIe siècle, soit dans les trois premiers quartiers du XVIIIe, avait laissé glisser aux mains d’autrui les fruits de ses explorations et de ses découvertes. Les causes de nos échecs dans notre première carrière coloniale sont nombreuses ; elles peuvent, toutefois, se ramener à deux principales. Voici la première : parcourant habituellement le Times, mes yeux se fixèrent, il y a un peu plus de onze ans, sur un leading article du numéro du 12 septembre 1884, où, remontant le cours de l’histoire coloniale britannique, à propos de la publication d’un volume des Rolls Calendar of State Papers, lequel concernait les affaires des colonies de 1625 à 1629, c’est-à-dire il y a plus de deux siècles et demi, l’écrivain anglais s’exprimait en ces termes :

Si le résultat final obtenu encourage à la persévérance dans les affaires coloniales, les commencements, tels qu’ils sont détaillés dans ce livre, de nos entreprises en Asie, destinées à une fin si triomphante, nous avertissent d’une manière plus significative encore de la patience infinie nécessaire pour le succès. Naufrages et mésaventures sur mer, collisions avec l’autorité métropolitaine, mécontentement parmi les agens et les collègues, luttes avec, des princes barbares ou demi-barbares, furieuses jalousies avec les États commerciaux rivaux : voilà ce qui remplit toute cette énorme compilation de huit cents pages. M. Noël Sainsbray, en dépouillant la multitude de rapports qui sont