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Etant venu camper avec son frère, George A. Smith et l’évêque Farnsworth à la Corn Greek, où se trouvait déjà établi le campement des Arkansais, quelques-uns d’entre eux vinrent s’asseoir près de leur feu, leur firent diverses questions sans importance et demandèrent s’il y avait quelque chance pour que les Indiens mangeassent de la viande d’un bœuf qui gisait mort près de là. Quarante-huit heures plus tard, il arriva à Beaver où il dépassa le convoi des émigrans, puis rentra chez lui à Paragoonah, dans le comté du Iron. Quelques jours après il fut requis par le colonel Dame pour se rendre avec dix hommes au secours des émigrans qui avaient des difficultés avec les Indiens, près de Beaver. En y arrivant, il trouva les premiers abrités derrière leurs chariots disposés en corral. Il parvint par une distribution de viande de bœuf à apaiser les Indiens, qui prétendaient que quelques-uns de leurs guerriers avaient été tués par les émigrans et voulaient laver cet affront dans le sang. Lorsqu’il partit, il croyait l’affaire arrangée, et depuis, n’eut aucun rapport avec le convoi. Il était capitaine dans la milice. Il n’entendit jamais discuter le sort des émigrans qui lui parurent des gens peu recommandables, mal disposés pour les Peaux-Rouges et qui juraient et blasphémaient de la façon la plus épouvantable.

Elisha Hoops, le troisième témoin, déposa qu’il habitait Beaver en 1857 et qu’il connaissait George A. Smith, Jesse N. Smith, l’ex-évêque Farnsworth ainsi que diverses autres personnes marquantes de l’Eglise. Il accompagnait les Smith au mois de septembre et se trouvait au campement de la Corn Creek lorsque plusieurs émigrans vinrent causer et demander où ils pourraient trouver de l’herbe et de l’eau pour refaire leur bétail. Un bœuf mort gisait entre les deux campemens, et au moment où les Smith se mettaient en route avec le témoin, celui-ci vit un médecin allemand, de petite taille, qui faisait partie du convoi, sortir un poignard à poignée d’argent, le plonger à trois reprises dans le corps du bœuf, puis prendre une fiole pleine d’un liquide légèrement coloré et verser ce liquide dans les trous faits par le poignard. Le témoin n’eut plus occasion de revoir le convoi.

Procédant à un interrogatoire contradictoire, Baskin ne tarda pas à mettre Elisha Hoops dans le plus grand embarras. Répondant aux questions qui lui étaient posées, Hoops dit que les Smith et l’évêque Farnsworth étaient déjà montés dans leur voiture quand le médecin allemand avait procédé à son opération, qu’il ne savait pas si ses compagnons l’avaient vue, mais qu’ils ne la leur avaient pas signalée ; que dix minutes ou un quart d’heure après, des Indiens étaient venus proposer un marché au docteur, sans doute parce qu’ils avaient besoin de la peau du bœuf pour en