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des guerres sans motif que mous et pauvres d’énergie à l’heure des désastres; passionnés pour toutes les aventures, se lançant en Grèce et à Rome pour le plaisir de batailler; généreux d’ailleurs, hospitaliers, ouverts, affables, mais légers et inconstans, vaniteux, trop occupés de tout ce qui brille, ayant la finesse d’esprit et la plaisanterie prompte, le goût des récits et la curiosité insatiable pour toutes les nouvelles, le culte de l’éloquence, une étonnante facilité à parler et à se laisser prendre aux mots. Comment nier, après de semblables descriptions, la persistance des types nationaux à travers l’histoire ? C’est que le caractère dépend, pour une notable partie, de la constitution et du tempérament héréditaire, qui dépendent eux-mêmes des races et des milieux.

Si nous analysons de plus près les diverses facultés fondamentales résultant du mélange ethnique en Gaule, nous trouvons que la sensibilité, chez nos ancêtres, avait déjà pour caractéristique la mobilité nerveuse qu’on nous reproche comme une dégénérescence. César y voyait une « infirmité gauloise ». Les Romains constataient aussi chez nos ancêtres, par contraste avec leur propre caractère, l’extrême facilite à s’enflammer tous à la fois et à multiplier la passion de chacun par celle de tous. C’est ce que la science moderne appelle un phénomène d’induction nerveuse. Ce résultat était dû, sans doute, au mélange de blonds sanguins et non flegmatiques avec des Celtes nerveux et de tempérament expansif. La race blonde n’a toutes ses qualités de sérieux et de constance que dans le Nord, parce qu’un élément de lymphatisme vient alors tempérer l’élément sanguin-nerveux, dont la constance n’est pas la qualité maîtresse. Voyez les Hellènes croisés avec les Pélasges, c’est-à-dire des Hyperboréens dolicho-blonds croisés avec des Méditerranéens dolicho-bruns : ce mélange a beaucoup de rapports avec la caractère gaulois pour la légèreté et l’esprit. L’élément celtique donne toujours à l’élément germano-scandinave plus de vivacité et de mobilité. Il semble que tous les peuples où abondent les Celto-Slaves, comme les Irlandais et les Polonais, soient moins flegmatiques et moins maîtres de soi. Sous le ciel tempéré de la Gaule, blonds et bruns semblent avoir rivalisé de mobilité et de passion contagieuse. Ennemis de l’isolement, les Gaulois s’associent volontiers en grandes hordes, tout de suite familiers avec les inconnus, les faisant asseoir et raconter les histoires des terres lointaines, « se mêlant avec tous et se mêlant de tout ». La facilité avec laquelle ils se lient aux peuples étrangers et en subissent le contact fait que, vainqueurs ou vaincus, ils fusionnent avec les autres peuples ou se laissent