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régions déterminées de l’encéphale : on n’a guère réussi que pour la faculté du langage; en ce qui concerne l’intelligence, on est réduit à cette assertion vague, qu’elle a ses principaux organes dans les lobes frontaux. Peut-être l’énergie volontaire dépend-elle quelque peu de l’allongement du cerveau et d’une certaine proportion entre les parties antérieures et postérieures, par conséquent entre la longueur et la largeur. Toujours est-il que chez les hommes du nord dolichocéphales, de haute taille et aux muscles très robustes, la volonté semble plus forte, souvent violente, et en même temps plus tenace. Ils ont un fond sauvage qui peut fort bien tenir à ce que la région occipitale est plutôt celle des passions violentes et de l’énergie carnassière. Le climat du nord, en favorisant un certain lymphatisme général, tempère cette fougue par une certaine lenteur de la pensée et de l’action. Le blond du nord, qui fut si longtemps barbare, se montre essentiellement individualiste : son moi est plus développé. Il est aussi plus capable de grands écarts par rapport à la moyenne générale. Et ces écarts sont tantôt au-dessus, tantôt au-dessous. Dans le premier cas, vous avez des hommes extraordinaires, surtout par l’esprit d’aventure et d’entreprise, sanguins au moral comme au physique, risquant le tout pour le tout; dans le second cas, vous avez des hommes inférieurs, d’une lenteur d’esprit, d’une lourdeur et d’un lymphatisme que n’offrent pas les Celtes. Aussi ces derniers atteignent-ils une moyenne générale très élevée, tout en ayant peut-être moins d’élans individuels vers les hautes régions.

Avec leurs qualités et leurs défauts, les Celtes sont très propres à fournir pour une nation une bonne matière première, solide et rustique, utile par son inertie même et son poids; mais ils ont besoin d’être tout à la fois entraînés en avant et disciplinés par une race plus personnelle, impérieuse, de volonté plus explosive. Il était donc fort heureux pour les Celtes de notre pays qu’un élément scandinave et germanique leur fût apporté, d’abord par les Kymris ou Galates, puis par les Wisigoths, par les francs, enfin par les Normands, par tous ces terribles compagnons qui les empêchèrent de s’endormir.

Quant à l’élément méditerranéen, qui, lui aussi, est surtout dolichocéphale, il devait prêter aux Français de précieuses qualités. Sous le rapport psychologique, on sait que la race méditerranéenne est caractérisée par la pénétration de l’intelligence, jointe à une certaine passion méridionale. En outre, elle a des marques de volonté importantes : une énergie intérieure qui sait se contenir et attendre, une ténacité qui n’oublie pas son but. Ce sont les traits du tempérament bilieux, intensif plutôt que