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l’ouest sont surtout peuplés de châtains et de bruns, à taille moyenne ou petite, les uns brachycéphales, descendans des Celtes et des Ligures, les autres dolichocéphales, descendans des Méditerranéens ou des Ibères (ancêtres des Basques). Il y a cependant beaucoup de blonds qui sont restés dans les Deux-Sèvres, dans la Charente-Inférieure (probablement à cause des Alains, qui ont donné leur nom à l’Aunis), enfin dans la Drôme et la Vaucluse. La répartition des blonds et des bruns en France, telle qu’on peut se la représenter d’après la carte de M. Topinard, rend visibles aux yeux les invasions gauloises et germaniques qui ont refoulé les Ibères, les Ligures et les Celtes. Les envahisseurs blonds sont venus du nord-est et ont repoussé les brachycéphales bruns dans les montagnes, qui opposaient une barrière aux incursions. Aussi retrouvons-nous aujourd’hui les brachycéphales concentrés : 1° dans les Vosges, où ils ont gardé leur tête large tout en prenant des couleurs blondes, dans le Jura, dans le département de Saône-et-Loire ; 2° dans le Massif central, où ils s’étendent vers Aubusson et la Creuse, couvrent toute la Corrèze, l’arrondissement de Sarlat, en Dordogne, une partie de l’arrondissement de Bergerac, pour se continuer avec les têtes très larges du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère (les trois départemens où l’indice céphalique et la brachycéphalie sont le plus élevés). D’autres blonds sont venus directement des côtes de l’Océan par la Charente-Inférieure, tels que les Saxons, les Normands, les Anglais. Partout des mélanges ont eu lieu. Le Bitarige du Cher est à la fois grand, blond et brachycéphale, analogue au Lorrain. Le Périgourdin est dû au croisement du dolicho-blond avec le dolicho-brun méditerranéen de Cro-Magnon ; le Gascon est issu du croisement de cette même race de Cro-Magnon avec le brachycéphale : c’est un véritable Celtibère. Le Montpelliérain dolicho-brun a une grande analogie avec les Africains. En Bretagne, Kymris et Celtes se sont mêlés, quoique certains cantons soient demeurés plus purement celtiques.

En somme, si les Méditerranéens et les Celtes ont formé les couches les plus profondes et les plus anciennes de la Gaule, surtout au midi, dans le centre et à l’ouest, la couche germanique et Scandinave n’en a pas moins été très considérable, surtout dans l’est et le nord. L’Angleterre, qui était, elle aussi, peuplée d’abord d’Ibères et de Celtes, est devenue germanique et Scandinave pour plus de la moitié de sa population ; on peut admettre, d’après tous les restes découverts dans les tombeaux, qu’il en fut à peu près de même en Gaule. Dans les temps reculés, notre pays constituait un mélange où les dolichocéphales bruns et