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précédemment, à Nicola della Rovere. La voisine n’était autre que la propre nièce du cardinal. Les termes du contrat s’appliquent à laisser entendre qu’en consentant à la vente, la jeune femme ne prétend pas conclure un marché avantageux, mais se rendre au désir exprimé par un parent qui lui inspire une sympathie respectueuse. Il ne s’agissait pourtant pas d’une propriété sans importance : à la maison principale, étaient annexées d’autres maisons plus petites — domunculi — et l’ensemble, limité par des voies publiques et le palais même du cardinal, représente au minimum trois mille ducats. Mais Farnèse avait besoin de s’agrandir, et s’il a exercé en cette occasion une pression amicale sur sa nièce, c’est que la maison qu’elle habitait devait disparaître pour permettre au plan de San Gallo de se développer librement. — En 1522 et 1523, ce sont de nouveaux achats d’immeubles, sensiblement plus modestes, appartenant à des voisins, un Sigismundo Chigi et un Achille de Jari, qui se contentent respectivement le premier de trois cents, le second de sept cent cinquante ducats.

Le palais n’était pas achevé quand le cardinal Farnèse fut appelé en 1594 à occuper la place vacante par la mort de Clément VIL Vasari rapporte que cet événement engagea San Gallo à modifier complètement son plan primitif, le palais d’un pape lui paraissant devoir être tout autre que celui d’un cardinal. Les changemens qu’il proposa concordaient trop avec les secrètes inclinations de Farnèse pour ne pas être agréés.

L’historien des peintres, sculpteurs et architectes entre dans quelques détails relativement aux changemens qui furent adoptés à cette époque ; mais ils ne permettent pas de se faire une idée nette des remaniemens que San Gallo dut opérer sur place. De graves questions restent donc en suspens. On peut se demander, par exemple, en quoi la restauration primitive entreprise par San Gallo modifiait la maison du cardinal Ferriz et dans quelle mesure l’architecte florentin s’écarta lui-même, après 1534, du projet concerté avec le cardinal Farnèse, projet qui se trouvait alors en cours d’exécution. Pour élucider pleinement ces deux questions, il faudrait avoir entre les mains le plan de l’édifice du XVIe siècle et celui qui, élaboré par San Gallo, ne fut abandonné en partie qu’après l’élection de Paul III. Or, un hasard peut seul amener la découverte du premier, et les argumens développés par Letarouilly pour établir qu’il a retrouvé le second dans les papiers de San Gallo sont fort loin d’être concluans. Ce qui paraît hors de doute c’est que, dès le principe, Farnèse songeait beaucoup moins à une restauration dans la stricte acception du mot qu’à une transformation complète. Au nombre des dessins d’Antonio