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pontificats de Paul II et de Sixte IV, le prélat espagnol joua dans la curie un rôle assez important pour que l’épitaphe gravée sur son tombeau le qualifiât de bras droit du pape — dexteram suam appellare dignabantur.

Ce tombeau est encore aujourd’hui le plus bel ornement du cloître attenant à l’église de la Minerva. Comme la plupart des monumens funéraires de la seconde moitié du XVe siècle, il est adossé à la muraille et l’ordonnance architecturale n’en diffère pas essentiellement de colle qui fut adoptée pour le sépulcre de Cristoforo della Rovere, un modèle du genre. C’est à la base un socle important qui contient l’inscription d’usage. À droite et à gauche se dressent deux pilastres d’ordre corinthien d’une rare élégance, soutenus par des piédestaux où l’on voit sculpté le blason du mort surmonté du chapeau cardinalice. Au-dessus du socle, dans l’espace compris entre les pilastres, s’ouvre une niche profonde terminée dans sa partie supérieure en forme de cintre. Pedro Ferriz repose, coiffé de la mitre et enveloppé dans ses habits épiscopaux, sur un magnifique sarcophage. Sous le cintre, surmonté lui-même d’une corniche appuyée sur les pilastres latéraux, sont ménagés trois compartimens d’inégale grandeur. Au milieu, la Vierge à mi-corps soutient un Enfant-Jésus debout dont la main semble bénir. De chaque côté, un ange s’incline dans une attitude d’adoration. — C’était alors l’usage de confier à plusieurs artistes l’exécution des monumens funéraires ; chacun d’eux avait sa spécialité. La pureté de l’ornementation, la délicatesse de certains détails, la sûreté de l’exécution attestent que le tombeau de Pedro Ferriz est l’œuvre de sculpteurs de talent. La manière de Mino da Fiesole se retrouve, d’ailleurs, dans le groupe de la madone et du bambino traité avec la supériorité de ; main qu’on lui connaît. Combien de touristes, combien de Romains même se sont arrêtés devant ce charmant sépulcre sans se douter que le personnage qu’ils avaient sous les yeux n’était autre que le premier propriétaire du plus beau palais de la ville éternelle !

Sixte IV, qui ouvrit à Pedro Ferriz les portes du Sacré-Collège, avait, nous l’avons constaté, une prédilection marquée pour Santa-Maria del Popolo. Il la restaura et en fit une des plus riches églises de Home. Le cardinal espagnol, qui avait probablement peu de parens en Italie (Garimberto prétend qu’il était bâtard), voulut-il payer au souverain pontife sa dette de reconnaissance ou entendit-il témoigner simplement sa gratitude aux Pères Augustins qui lui avaient concédé la propriété d’une des chapelles de leur église ? Ce qui est certain, c’est que, par son testament daté du 23 septembre 1478, il légua son palais de la Regola aux