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Antonio da San Gallo le Jeune, Michel-Ange Buonarotti, Barozzi da Vignola, pour décorateur Annibal Carrache. Longtemps il posséda une merveilleuse collection d’antiques, de tableaux, d’objets d’art. Enfin il eut successivement pour hôtes Pier-Luigi et Marguerite d’Autriche, les grands cardinaux de la maison Farnèse, Antoine de Richelieu, la reine Christine de Suède, le duc de Créqui, le marquis de Lavardin et, à une époque toute récente, le dernier souverain des Deux-Siciles, Sa Majesté le roi François II de Bourbon.

Les ouvrages qui traitent plus ou moins spécialement du palais Farnèse s’accordent à constater que cet édifice fut commencé par Paul III, alors qu’il n’était que cardinal ; c’est tout ce qu’en dit le savant abbé Francesco Cancellieri. Letarouilly, qui a écrit sur les Monuments de Rome moderne un livre classique, croyait pouvoir proposer pour les premiers travaux une date voisine de 1530. Aucun d’eux ne se doutait que le palais qui sert aujourd’hui de résidence à l’ambassadeur de France près la cour d’Italie avait déjà une fort longue histoire lorsque San Gallo fut appelé par le cardinal Farnèse à en diriger la restauration. C’est à mettre en lumière ces lointaines origines qu’est consacrée cette étude.


I

Généalogistes et historiens ont longtemps disputé sur l’antiquité et le lieu d’origine des Farnèse. Ceux-ci les faisaient venir d’Allemagne en ligne directe ; ceux-là affirmaient, sur la foi de leur blason fleurdelisé, que le plus pur sang français coulait dans leurs veines ; pour d’autres enfin, panégyristes de Paul III ou courtisans des ducs de Panne, peu s’en fallait que leur filiation ne remontât, selon l’expression de Cancellieri, à l’arche de Noé. Il y a plus de vraisemblance à les ranger, comme le font Gregorovius et Litta, au nombre de ces familles lombardes qui, chassées par la conquête f nui que, vinrent demander une nouvelle patrie à l’Etrurie romaine. Ils se seraient d’abord fixés en un lieu appelé Farneto. D’actes authentiques datant du Xe siècle, il résulte qu’il y avait dès lors des seigneurs de Farneto. Quand se propagea au XIIe siècle l’usage des noms patronymiques, ces seigneurs adoptèrent celui de leur résidence habituelle et le nom de Farnèse entra dans l’histoire.

Ces Farnèse ne restèrent pas confinés dans leurs terres. Les annales d’Orvieto témoignent qu’ils prirent une part active aux affaires de la cité. À maintes reprises, ils figurent au nombre de ses podestats et de ses consuls. Vers le milieu du XIVe siècle,