Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 130.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre la quantité de chaleur empruntée au foyer et la quantité de chaleur cédée au réfrigérant est indépendant, nous le savons, de la nature et de ragencement des corps qui composent le moteur ; il ne dépend que de la température du foyer ; il est d’autant plus grand que le foyer est plus chaud ; convenons de regarder ce rapport comme le rapport entre la température absolue du foyer et la température absolue de la glace fondante ; cette convention fixera, à un facteur près, la température absolue d’un corps quelconque ; si nous voulons que l’intervalle entre le point de fusion de la glace et le point d’ébuUition de l’eau corresponde à cent degrés centigrades, le facteur de proportionnalité sera fixé et la définition de la température absolue ne comportera plus aucune ambiguïté. De plus, cette définition sera donnée sans que l’on fasse intervenir d’aucune manière les propriétés d’un corps thermométrique réel, comme l’air ou le mercure, ou d’une substance idéale, comme un gaz parfait ; on pourra, d’ailleurs, comparer la température absolue aux indications que donne un thermomètre à mercure, à air, à gaz parfait ; on trouvera que la température absolue surpasse constamment de 273 degrés la température centigrade lue sur un thermomètre à gaz parfait ; en d’autres termes, le rapport des températures absolues de deux enceintes sera égal au rapport des pressions qui maintiendraient invariable le volume d’une masse de gaz parfait placée successivement dans chacune de ces deux enceintes.

Ainsi, en conciliant la loi de Carnot avec la loi de Robert Mayer, Clausius amène W. Thomson à reprendre la détermination de la température absolue proposée par Desormes et Clément, adoptée par Laplace, détermination que Thomson avait autrefois proposé d’abandonner ; la première échelle thermométrique, celle qui a été proposée en 1702 par Amontons, devient l’échelle normale à laquelle la thermodynamique rapporte, désormais, toutes les températures.


IX


Ce n’est pas là le dernier mot de l’œuvre de Clausius.

Lorsqu’un système décrit un cycle de Carnot, la quantité de chaleur qu’il emprunte au foyer est à la quantité de chaleur qu’il cède au réfrigérant, comme la température absolue du foyer est à la température absolue du réfrigérant ; si donc on divise la quantité de chaleur empruntée au foyer par la température absolue du foyer et la quantité de chaleur cédée au réfrigérant par la