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couvrent sont très avantageux pour les promenades, mais ils ne sont pas aussi favorables pour la chaleur que les rochers qui réfléchissent les rayons du soleil. Aussi la fraîcheur du soir se fait-elle sentir de meilleure heure à San-Remo qu’à Menton. En revanche, le printemps y est plus intense et c’est une résidence charmante lorsque les arbres ont repris leurs feuilles et leurs fleurs. San-Remo est la station hivernale des étrangers qui ont des raisons pour éviter le sol de France. Quant à Bordighera et à Vintimille, on n’en peut pas conseiller le séjour en hiver, parce qu’il y fait trop de vent et que les montagnes y projettent trop d’ombre. Les valétudinaires ne peuvent pas davantage se fixer à Gênes, malgré la beauté de la ville et le confortable qu’on y trouve. C’est le climat le plus perfide de toute l’Italie : on ne peut guère y séjourner qu’à la fin du printemps et au commencement de l’été, lorsque les vents du nord ont purifié l’atmosphère et qu’ils y apportent les parfums de la Ligurie.

Le climat de l’Italie, envisagé dans son ensemble, ne mérite qu’à moitié sa vieille réputation. On y est attiré par le charme des souvenirs, par la séduction des monumens et des musées ; mais les voyages trop rapides qu’on peut y faire pendant une période de vacances, alors qu’on désire tout voir, sont très fatigans et ne sont même pas absolument sans danger. La plupart des grandes villes de la péninsule sont insalubres ; le surmenage prédispose aux maladies infectieuses ; et j’ai vu plus d’un voyage de noces interrompu par une fièvre typhoïde contractée à Rome, à Naples ou à Milan. Le séjour de ces villes ne convient pas davantage aux valétudinaires. Rome est inhabitable pendant l’été. L’air y est vicié par les émanations qui se dégagent de ses ruines et par les miasmes qui viennent de la campagne voisine. A partir de la fin de mai toutes les grandes familles émigrent. Je m’y suis trouvé deux fois à l’époque des chaleurs, et la ville était quasi déserte. L’hiver, le froid y est vif et piquant. Le séjour n’en est possible, pour les santés chancelantes, qu’aux mois de mars, d’avril et d’octobre.

Florence est plus habitable. On n’a pas à y redouter les influences palustres et, bien que le climat soit variable, l’air humide et souvent chargé d’électricité, on peut y séjourner sans inconvénient au printemps et en automne.

Les gens dont la poitrine est délicate feront bien de se défier de Naples. Il faut y aller, parce que c’est un des points les plus admirables du globe. Le panorama qu’on embrasse du regard, en parcourant le nouveau boulevard qui fait le tour de la ville à mi-côte, est un enchantement. On ne se lasse pas de le contempler. Le matin, lorsque la brume de la nuit se soulève lentement, comme