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départemens du Midi : le Vaucluse a le Mont Ventoux, qui s’élève à plus de 1 900 mètres ; les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes ont les derniers contreforts des Alpes ; le Gard et l’Hérault ont les Cévennes, et les familles aisées peuvent y transporter leurs enfans.

Mais cela ne suffit pas, et le docteur Pamard, d’Avignon, a proposé, il y a quinze ans, dans un mémoire qu’il a présenté à l’Académie de médecine, de fonder dans ces montagnes des résidences d’été, pour y envoyer les enfans menacés d’athrepsie ou simplement débiles, de même que les Anglais, dans l’Inde, envoient leurs soldats malades dans les sanatoria dont nous avons parlé. Depuis cette époque, le docteur Pamard a poursuivi la réalisation de son idée, et en 1892 il est parvenu à la faire agréer par les conseils généraux de Vaucluse et du Gard. Une commission interdépartementale a fixé les bases du projet, et son choix s’est arrêté sur des prairies situées dans la partie la plus élevée d’une vallée dépendant de la commune d’Arrigas, dans le canton d’Alzon. Les plans du sénatorium ont été approuvés par la commission le 6 juillet 1894, et les fonds ont été votés à la session d’août des deux conseils généraux. L’établissement ne recevra que les enfans au-dessous de quatre ans débiles ou menacés d’athrepsie. Il comprendra 100 lits, 80 pour les enfans seuls et 20 pour ceux qui seront accompagnés par leurs mères.

Cette création a son importance, parce qu’elle représente le premier pas fait dans une excellente direction. Nous avons déjà les sanatoria pour les petits scrofuleux et l’œuvre des hôpitaux marins dont j’ai raconté l’histoire dans cette Revue[1] : il est à désirer qu’il se forme quelque chose de semblable pour les enfans du premier âge dans le midi de la France, et que l’heureuse fondation due à la persévérance du docteur Pamard trouve des imitateurs. Déjà M. A. Boumet, dans une brochure récente, a proposé de fonder l’Œuvre des sanatoria de montagne, à l’imitation de celle des hôpitaux marins, et nous faisons des vœux pour qu’il réussisse.


III

Les stations maritimes dans lesquelles les habitans des villes vont passer un mois ou deux, pendant les chaleurs de l’été, diffèrent essentiellement des centres de villégiature dont il a été question jusqu’ici, tant au point de vue hygiénique que sous le rapport des distractions qu’on y trouve.

L’atmosphère maritime a des propriétés spéciales. Elle se rapproche par sa pureté de celle des montagnes, mais elle s’en

  1. Voyez la Revue du 15 août 1890.