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de densité où ce iluide obéit très sensiblement aux lois générales des fluides élastiques. » Si l’on convient de faire correspondre à cent degrés de l’échelle absolue l’intervalle de température qui sépare le point de fusion de la glace du point d’ébullition de l’eau, la température absolue de la glace fondante sera 266°,66. La définition de la température absolue qu’adopte Laplace est identique à celle qu’ont proposée Desormes et Clément.

Quant à l’évaluation que ces physiciens ont donnée de la quantité de chaleur contenue dans un espace vide, Laplace, nous l’avons vu, en rejette le principe. En résulte-t-il que les expériences faites par Desormes et Clément en vue d’obtenir cette évaluation soient devenues inutiles ? Non pas. Les résultats de ces expériences gardent un sens très clair et fournissent à la théorie de la chaleur un renseignement précieux. Ces expériences nous font connaître, en effet, la quantité de calorique que dégage une certaine masse d’air lorsqu’on la comprime brusquement. Ce calorique est celui qu’il faudrait soustraire à cette même masse d’air si l’on voulait lui faire subir la même diminution de volume, tout en maintenant sa température invariable. Connaissant cette quantité, nous savons, par le fait même, comment varie le contenu de chaleur d’un gaz lorsqu’on fait varier son volume sans faire varier sa température. Nous pouvons, dès lors, calculer l’excès de la chaleur spécifique du gaz chauffé sous pression constante sur la chaleur spécifique du gaz chauffé sous volume constant. Les déterminations expérimentales de Delà roche et Bérard, celles de Desormes et Clément, faisaient connaître à Laplace la première de ces deux chaleurs spécifiques. Desormes et Clément, en étudiant les effets thermiques de la compression brusque des gaz, Gay-Lussac et Welter, en poursuivant des recherches analogues sur la détente, lui fournirent le moyen de calculer la seconde. Il trouva que le rapport de la chaleur spécifique sous pression constante à la chaleur spécifique sous volume constant était égal, pour l’air atmosphérique, à 1,375. Les expériences ultérieures, plus précises, ont élevé la valeur de ce rapport à 1,40 environ.


VIII


La détermination numérique de ce rapport était, pour Laplace, d’une grande importance ; elle lui permettait d’achever la solution d’une question à laquelle, depuis Newton, s’étaient vainement heurtés les efforts des plus grands géomètres : le calcul de la vitesse avec laquelle le son se propage dans l’air et les autres gaz.

Newton avait indiqué, comme propre à calculer cette vitesse,