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sont attirées par ces particules ; enfin les particules du calorique libre se repoussent les unes les autres. Ouant aux molécules qui composent le calorique latent, Laplace ne leur attribue aucune action attractive ou répulsive.

Par suite de l’attraction qu’elles exercent sur les particules du calorique libre, les molécules pondérables condensent la plus grande partie de ce calorique, qui forme une sorte d’atmosphère autour de chacune d’elles. Les autres molécules pondérables et leurs atmosphères de calorique exercent sur l’atmosphère de chaque molécule des actions qui en détachent des parcelles ; ces parcelles arrachées errent dans les espaces intermoléculaires jusqu’à ce qu’une autre molécule les attire et les absorbe dans son atmosphère. Lorsque l’état d’un corps est devenu invariable, l’atmosphère de chaque molécule laisse échapper, dans chaque unité de temps, une masse de calorique égale à celle dont elle s’empare dans le même temps.

Toutes les forces attractives et répulsives qui sont en jeu dans l’intérieur d’un corps, ne sont sensibles qu’à d’inappréciables distances ; au delà d’un très petit rayon d’activité, elles deviennent négligeables. Mais, bien que ce rayon d’activité soit toujours extrêmement petit, sa grandeur varie avec la catégorie d’actions que l’on considère ; la répulsion du calorique pour le calorique se fait sentir beaucoup plus loin que l’attraction d’une molécule pondérable sur une molécule pondérable ou sur une parcelle de calorique libre.

Au sein des gaz et des vapeurs très raréfiées, les molécules pondérables sont très éloignées les unes des autres. On peut alors négliger l’attraction que ces molécules exercent les unes sur les autres, ainsi que l’attraction exercée par chacune d’elles sur les atmosphères de calorique qui entourent ses compagnes. À l’intérieur d’un pareil corps, deux sortes d’actions entrent seules en jeu d’une manière appréciable, les actions attractives que chaque molécule pondérable exerce sur le calorique libre condensé autour d’elle, et les actions répulsives que les diverses parties du calorique libre exercent les unes sur les autres.

Ces hypothèses, jointes à quelques suppositions simples au sujet du rayonnement moléculaire, sont le fondement de la théorie développée par Laplace.

De cette théorie, il résulte tout d’abord qu’à température constante, la densité d’un gaz est proportionnelle à la pression qu’il supporte ; c’est la loi découverte expérimentalement par Boyle,puis retrouvée par Mariotte. D’ailleurs la note insérée dans la Statique chimique nous apprend que cette loi même avait guidé Laplace dans le choix de ses hypothèses.