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leur mission. L’enquête à laquelle a donné lieu, en 1892, la crise des banques, a révélé des placemens en immeubles, en mines, des prêts sans garantie aucune, à des communes, à des provinces, à des sociétés, à des banques, à des entreprises de construction en détresse, des prêts hypothécaires, des avances ou ouvertures de crédit sans garantie à des particuliers, notamment à des membres influons du parlement ou du gouvernement, toutes opérations de nature à conduire les banques de circulation à la ruine.

Le gouvernement a tout connu et il n’a rien empêché, il a même excité les banques aux immobilisations. C’est lui qui a obligé la Banque nationale à accorder une subvention de 115 millions de lires à la Banque tibérine, c’est lui qui, pour soutenir les obligations du Risanamento de Naples, a fait acheter ses titres par la même banque pour le compte de l’Etat[1].

Instigateur et complice des immobilisations et des pertes de capital, le gouvernement s’est laissé naturellement aller à soustraire les banques aux conséquences de leurs fautes et à les décharger, par l’établissement du cours forcé, du devoir de convertir leurs billets en monnaie métallique.

Ce qui a perdu les banques d’émission italiennes, ce sont les immobilisations et les opérations anti-statutaires, c’est l’abus du papier monnaie.

C’est pour remédier à ces maux qu’a été rendue la loi du 10 août 1893. Mais un acte législatif ne peut suffire à dénouer la crise des banques. Elle ne trouvera sa solution que dans la sagesse des banques et du gouvernement qui peut seule entraîner la liquidation des opérations anti-statutaires et la fin des émissions de papier-monnaie.


VI

Le trouble de la situation économique a pour indices le cours du change, la crise monétaire, l’élévation de l’escompte, les fluctuations de la rente.

L’Italie trouve des causes d’élévation de son change dans la supériorité de ses importations sur ses exportations qui s’est accentuée depuis la rupture des traités de commerce, dans le placement de la majeure partie de sa dette aux mains des nations

  1. Il arriva quelquefois, dit le sénateur Finalli dans son rapport sur les banques, que le gouvernement même, poussé par des considérations d’ordre politique qui échappent au jugement de la commission d’enquête ou qui sont au-dessus d’elle, autorisa des immobilisations qui, dans l’hypothèse la plus favorable, se trouvent en contradiction avec le but et l’essence même des banques d’émission. Il est nécessaire qu’à l’avenir le gouvernement observe et fasse observer les lois mieux qu’il ne l’a fait jusqu’à présent.